Extrait du journal
— Euh ! euh ! Les gens sages, prudens, pour qui l’expérience con stante des seize dernières années n’a point été perdue, ne se prononcent pas davantage, convaincus avec rai son que sous le régime actuel personne n’en saura ja mais plus long sur les intentions de-> hommes profonds qui embrouillent nos petites affaires. Les autres, les jeunes, les audacieux, s’amusent à élever des échafaudages laborieux de motifs pour ou contre la dissolution : — Dissoudre le Corps législatif ! s’écrient les enne mis de la dissolution. Allons donc ! Ce serait de l’in gratitude et de la folie ! Quel gouvernement a jamais trouvé une majorité plus docile, plus dévouée? Quel gouvernement a jamais trouvé une pareille réunion d’hommes résignés à subir l’impopularité de la loi militaire et à laisser aux agens directs du pouvoir tou tes les apparences d’une sorte de libéralisme relatif ? — Sans doute, répondent les partisans de la dissolu tion ; mais la question n’est pas tant de conserver quel ques jours de plus de pareils voteurs que d’en assurer le retour. Or, si on attend l’année prochaine pour les élections, la nouvelle loi sur la presse aura produit quelques fissures dans cette touchante unanimité. Tous les départemens vont bientôt avoir leur journal d’op position, et les électeurs, mis jusqu’à présent au régi me des journaux de préfecture, pourraient bien, eux, n’être plus aussi dociles que par le passé. Déjà les villes échappent en partie à l’action administrative, et les candidats officiels n’arrivent plus au palais Bourbon que portés sur les flots des votes ruraux. Il faut donc se hâter, prendre l’opposition au dépourvu, et battre le rappel des bulletins favorables avant que la presse lil raie ait répandu son virus dans l’âme candide de ii s braves paysans. Au fond, je crois que les partisans de la dissolution prédisentassez juste, et il me parait probable que de vant ie mouvement auquel nous assistons, devant cette renaissance générale de la presse indépendante qu’on nous signale de tous les points du pays, les préfets consultés déclareront qu’il n’est que temps de procéder à de promptes élections. S’il s’agissait de connaitre l’opinion réelle du pays, on attendrait certes qu’il commençât, grâce aux jour naux indépendans, à vouloir, à penser quelque chose. Mais les chauvins de l’ordre qui ont fait vœu de sauver la société tous les matins après leur café au lait, assurent que le suffrage universel n’a pas été inventé pour exprimer la pensée ni la volonté de la nation. Il aurait été, parait-il, au contraire inventé pour ré pondre aux agens du pouvoir : — Dieu vous bénisse ! quand ils éternuent. Arthur Arnould. THÉÂTRES...
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
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