Extrait du journal

BULLETIN. On n’aurait jamais cru que la question électorale pût fournir matière à des développemens facétieux ; la chose est en effet assez sérieuse au fond pour être traitée sérieu sement, surtout par des journaux qui se disent partisans du suffrage universel et ne négligent aucune occasion de rappeler les huit millions de votes donnés à l’Empire, qu’ils ont la mission de défendre. Mais les temps sont changés, et les journaux officieux ne considèrent plus aujourd’hui la question électorale que comme une agréable plaisanterie. Le Constitutionnel, héritier des traditions du docteur Véron, se fait remarquer entre tous par sa bonne humeur qui se traduit en raisonnemens d’une piquante espiè glerie; Le nombre des députés devant être, aux termes de la loi, proportionnel au chiffre de la population électorale, on demande très justement que dans ce chiffre soient compris non seulement tous les électeurs inscrits, mais encore tous les citoyens qui se trouvent dans les condi tions requises pour être portés sur les listes. 11 n’y a rien à répondre à cette prétention conforme au texte et à l’es prit de la loi ; mais les journaux officieux qui ne se sou viennent plus des fameux huit millions de votes et qui ne voudraient plus aujourd’hui de suffrage d’aucune sorte, se tirent d’affaire par des arlequinades. L’un assure qu’il s’agirait de faire voter les étrangers de passage en France et même les repris de justice. L’autre prétend que l’on voudrait faire inscrire sur les listes les chiens, les chats, les serins en cage et autres animaux domestiques. Le Constitutionnel, dans un élan de haute fantaisie, invente des députés supplémentaires qui seraient chargés de représenter les électeurs qui n’ont pas le droit d’être électeurs....