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Le Charivari, 27 avril 1852

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Le Charivari
27 avril 1852


Extrait du journal

de tous les pays du monde sont occupés à chercher une bonne définition de l’homme ; — faute de mieux on avait été obligé de se contenter de la phrase de Platon, et on était tombé d’accord dans les meilleures sociétés savantes que : l’homme est un animal à deux pieds et sans plumes, et qui joue aux dominos. Un physiologiste vient de changer tout cela : le scalpel à la main et les lunettes sur le nez, il estpari venu à découvrir que l’homme n’est pas un animal, ainsi qu’il s’en était flatté jusqu’à ce jour, mais bien un véritable végétal. Nous n’inventons rien, et si vous doutez de notre sincérité, lisez le compte-rendu officiel de l’Académie des sciences : — la dissertation sur l’homme-légume a eu les honneurs de sa dernière séance. —L’auteur du mémoire en question est M. Claude Bernard cpii en 1849 avait déjà obtenu le grand prix de physio logie expérimentale pour avoir découvert le rôle du pancréas, organe qui depuis des siècles semblait oc cuper dans le corps humain une véritable sinécure. M. Claude Bernard, après avoir réhabilité le pan créas, s’est livré à de nouveaux travaux pour cher cher l’utilité du foie, cet autre organe qui passait également pour n’ètre qu’un paresseux et, tranchons le mot, pour un véritable propre à rien. Tous les médecins étaient convaincus depuis Hip pocrate que le foie ne servait qu’à une seule chose chez l’homme, à lui donner de temps en temps la jaunisse. * Le docteur Claude Bernard, ayant la conviction que la nature ne pouvait pas créer un organe uni quement dans le but de nous procurer une maladie, s’est livré à de patientes recherches et il est arrivé à un résultat que j’ose qualifier d’extraordinaire :— il a reconnu que le foie a pour mission de produire du sucre :—il en produit même plus que la bette rave. Aussi, suivant M. Claude Bernard, l'homme n’est qu’un végétal sucré. M. Claude Bernard a soin d’ajouter l’épithète de sucré pour distinguer l’homme des navets et des to pinambours qui, même entre les mains des meil leurs chimistes et des plus habiles épiciers, ne don nent jamais un atome de sucre. Que votre fierté, cher lecteur, ne s’offusque pas de la définition de M. Claude Bernard, le docteur s’em presse de reconnaître que l’homme possède un im mense avantage sur la betterave, c’est de pouvoir fa-...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • claude bernard
  • nune
  • dauphiné
  • platon
  • mathieu
  • brabant
  • académie des sciences