Extrait du journal

Regarde la corvette Qui s’incline coquette. Ou bien encore : Vogue, mon léger bateau ! Tout cela est de l’à-propos politique. C’est, en effet, un paquebot qui pour le moment porte l’Europe et sa fortune. M. le comte Charles Walewski s’est embarqué à Mar seille, samedi, sur le Scamandre, qui a fait route dans la soirée pour le Pirée. On pense qu’il arrivera à destination samedi, et alors... 0 somnambules extra-lucides, quelle splendide oc casion de prouver votre savoir! Déchiffrez-nous le con tenu des dépêches qui filent vers le Pirée ; dites-nous quelles espérances ou quelles craintes germent dans la tête des passagers; dites-nous encore ce que le roitelet de Grèce, qui tient en ce moment les aigles en échec, a résolu de répondre à l’invitation que d’autres appel lent sommation; dites-nous... Mais il faut se résigner à l’attente. A ces questions, vous restez sans voix, ô somnambules! Allons, vous n’êtes pas plus lucides que les diplomates eux-mêmes! Décidément le mois de janvier ne porte pas bonheur aux châteaux en Espagne du libéralisme officiel. On sait ce qu’il est advenu des fameuses promesses du 19. Voici qu’une nouvelle aspiration libérale, da tant également de janvier, parait vouloir aboutir éga lement à une déconvenue. On sait queM. le président Schneider, ayant compris quoique un peu tard) que la presse française a droit à ses grandes et petites entrées dans l’enceinte des élus du pays, a résolu en principe le rétablisse ment de la tribune des journalistes. Là-dessus grand enthousiasme chez quelques-uns. Mais la fatale influence du mois de janvier n’était-elle pas là ? Voilà donc qu’au lieu d’une mesure libérale, c’est une mesure restrictive qui va être prise. On aurait dé cidé, en effet, que 25 journaux seulement seraient admis dans la tribune promise. 25, pas un de plus ! Tant pis pour les autres ! Mais ils ont timbre et cautionnement comme leurs confrères et par conséquent supportant mêmes char ges, il est de toute justice de leur accorder les mêmes privilèges. — Vingt-cinq places! répond M. le président. Mais avant votre prétendue réforme ils recevaient chaque jour leur carte d’admission. — Vingt-cinq places ! Mais à mesure que le nombre des journaux croitra de par la liberté delà presse, vos vingt-cinq places de viendront de plus en plus dérisoires. —• Vingt-cinq places ! En vérité il est impossible que pareille réplique puisse avoir raison contre le sens commun. La presse, fiu’on le sache bien, représente vraiment le public. Chaque journal a derrière lui ses lecteurs, et en un Pays de suffrage universel chaque journal a le droit,...