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Le Charivari, 27 novembre 1865

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Le Charivari
27 novembre 1865


Extrait du journal

c; Si j’avais seulement un cheveu de la place Vendôme iârais trouver Alexis ou tout autre somnambule, et je lui dirais : — Regarde ce cheveu, et dis-moi si l’abstention de la place Vendôme est réelle ou apparente? Au bout de quelques passes, nous saurions à quoi nous en tenir. Mais comment se procurer un cheveu de la place Vendôme? J’ai été plus heureux avecAdelson Waill, récemment passé, comme vous savez, de l’état d’arbitragiste à celui de chef de maison. Adelson a fait de nombreuses affaires au comptant sur le Mobilier. Ce n’est pas pour son compte ni pour celui du roi de Prusse. Adelson seul a les secrets de la place Vendôme; mais je le connais, il ne se laissera pas tirer, comme on dit, les vers du nez. Heureusement, je suis parvenu à séduire son valet de chambre ; il m’a vendu un de ses cheveux au poids de l’or. A la seule inspection de ce cheveu, Alexis nous dira ce que Adelson Waill a fait pour la place Vendôme. Laissons le fluide opérer ; Alexis m’a promis sa réponse pour demain. En attendant, on peut assurer sans le moindre ma gnétisme qu’il dépendait de la place Vendôme que le rente atteignît 69 fr. et le Mobilier 900 fr. Si elle n’a pas vendu, elle n’a pas empêché les au tres de vendre, c’est la complicité de l’inaction. On prétend qu’il y en a une autre. Le jeune Hippolyte me montre toutes les dépêches qu’il reçoit de son agent de change de Lyon. Elles se terminent invariablement de la façon sui vante : Ventes a la sourdine. Bien des gens affirment que celte sourdine fonctionne à Lyon, mais qu’on en tient tous les fils à la place Ven dôme. Attendons la réponse du cheveu, c’est par le cheveu d’Adelson Waill que nous connaîtrons toute la trame, Je dois dire que tous ceux qui, comme moi, ont quelquefois l’honneur d’être admis auprès de l’Obergespan de la place Vendôme, remarquent autour de lui des symptômes d’abstention plutôt que de sour dine. Encore l’emprunt autrichien. J’ai un faible pour cet emprunt : pourquoi? Parce qu’au contraire des autres emprunts qui sen tent la poudre, en général, ceiui-ci se présente à nous une branche d’olivier à la main. L’Autriche nous demande de l’argent, non point pour payer des canons, des carabines, des cuirasses de navires, mais tout simplement pour rembourser la Banque de Vienne de ses avances sur les domaines. L’emprunt autrichien doit étendre, quoi qu’on en dise, sen ombre pacifique sur l’emprunt italien. Si l’Autriche n’arme pas, l’Italie désarme forcément ; ses finances se restaurent, l’équilibre se rétablit et la rente italienne remonte. Aussi je ne crains pas de le dire, l’emprunt autrichien admis sur le marché de Paris, c’est la paix. Demain lundi s’ouvrira la souscription en Angleterre, en Hollande, en Autriche, en Allemagne, en Belgique, mais j’engage mes cliens à se rendre tout simplement...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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