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Le Charivari, 27 septembre 1844

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Le Charivari
27 septembre 1844


Extrait du journal

servile imitateur, le vil plagiaire des vieilles politi ques, et le plat copiste des antiques traditions? Partons d’un principe sur lequel tout le monde est, nous le croyons, d’accord : c’est que la paix est une chose bonne et désirable. On en veut dans telle ou telle mesure, on lui ferait telle ou telle somme de sacrifices; mais les opinions opposantes, comme les opinions gouvernementales, affectent l’amour de la paix. Eh bien, si l’on aime la paix, il faut manifes ter cet amour, à moins qu’il ne soit hypocrite; or, celui qui ferait la paix après une défaite semblerait avoir pour la paix une tendresse égoïste et ne l’ai mer que pour soi, tandis que celui qui, comme le cabinet, fait la paix après un triomphe, a pour la paix une tendresse désintéressée* et l’aime évidem ment pour elle-même. Au lieu de se moquer du ministère, qui a, dit-on, offert la paix et insisté pour qu’elle fût acceptée, on devrait, au contraire, le louer d’être parvenu à l’ob tenir. Les journaux de la gauche ne disent-ils pas tous les jours que le Système a une peur effroyable de la guerre et une soif immodérée de la paix, la paix toujours et partout? etc. Eh bien, l’empereur du Maroc, s’il avait cette persuasion, devait nécessaire ment refuser la paix. En effet, d’après le caractère ci-dessus attribué au Système, on n’est jamais plus en paix avec lui que lorsqu’on est en guerre. Quand on est en paix, on est journellement exposé à avoir la guerre pour un rien, pour une avanie qu’on fait à la France, pour une vilenie qu’on commet à son préjudice, toutes choses que le Juste-Milieu (et nous empruntons le langage même de l’opposition) sup porte patiemment dans les temps ordinaires , mais contre lesquelles il se rebiffe quelquefois pour les be soins d’une dépêche boursicotière, d’un discours du trône ou d’un vote politique. Au contraire, lorsqu’on est en guerre avec le Système, on est toujours sûr d’avoir la paix, si on la veut : on n’a qu’à se baisser pour la prendre dans la main tendue du Juste-Mi lieu. Ainsi,en raisonnant d’après les prémisses del’opposition, l’empereur devait craindre de signer la paix le jeudi, parce qu’il dépendait du Système de lui faire la guerre le vendredi, tandis que s’il continuait la guerre, il dépendait de lui d’avoir à toute minute la paix. C’est donc un tour de force de la part du gouvernement d’avoir contraint à la paix un ennemi qui, par amour même de la paix, devait ne pas la vouloir. Mais, objecte-t-on, le ministère n’a pas même de mandé le remboursement des frais de la guerre. — Est-ce bien à l’opposition qu’il appartient de faire un pareil reproche? Si, comme elle le dit tous les jours, elle croit le cabinet capable de vouloir la paix à tout prix, elle devrait le louer d’avoir réussi, à force d’art diplomatique, à conclure la paix, sans obliger la...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
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