Extrait du journal

SIMPLE DIALOGUE. — Giuseppe, es-tu un franc lazzarone ? — Excellence, je m’en vante. — Il ne suffit pas de s’en vanter, fais-moi ta pro fession de foi. — Volontiers. — Qu’aimes-tu par dessus tout ? — Une tranche de pastèque. — Bien ; après? — Une cuillerée de macaroni. — Très bien; ensuite? — Notre bienheureux patron saint Janvier. — A merveille; et après sant Janvier? — Notre excellent roi Bomba. — Parfait, je vois que tu es dans les bons princi pes. — Je puis même dire que j’aime quatre choses d’une égale affection. Entre le roi Bomba, saint Janvier, le macaroni et les pastèques, je serais vrai ment embarrassé de choisir. — C’est parler en digne lazzaroni. Giuseppe, voistu ce poignard? — Oui, excellence. — Prends-le, je te le confie. — Pour quoi faire ? — Tu saui as, Giuseppe, qu’il y a à Naples un certain nombre de bourgeois et de nobles qui ne veulent pas recevoir des coups de bâton. — Peste ! ils sont difficiles. — C’est ce qu’on leur dit, mais ils ne veulent pas en convenir ; ils murmurent et ils pourraient bien un jour ou l’autre se soulever. Tu penses bien, Giuseppe, que les coups de bâton ne sont qu’un prétexte....