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Le Charivari, 29 septembre 1855

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Le Charivari
29 septembre 1855


Extrait du journal

Il y a comme cela des gens qui naissent prédes tinés au rôle de sauveurs, de héros, d’hommes né cessaires. C’est la Providence qui le veut ainsi. En général, l’homme nécessaire quand il arrive au pouvoir s’y installe le plus commodément possi ble; il met la main dans le sac public ; il exile, il déporte, il emprisonne, il fait fusiller les personnes qui font entendre quelques murmures. Que dire à cela? De quoi se plaindre? On est nécessaire ou on ne l’est pas. Si on est nécessaire, tombez à genoux et remerciez le ciel,au lieu de gémir et de protester. Mais, pour en venir à l’état d’homme nécessaire, il fautcommencer]par être un homme sauveur. C’est le point de départ. Rien de plus facile, du reste, que de sauver sa patrie ; n’eût-elle pas besoin d'être sauvée, on la sauve tout de même, de bon gré ou de force. On a trois ou quatre valets de plu me qui s’écrient tous les matins : Sauveur ! sau veur! Puis ils expliquent comment la chose s’est faite. A force de l’entendre raconter, les badauds finissent par y croire. Alors il se trouve toujours un idiot ou un coquin qui propose d’élever une sta tue, et l’on passe définitivement à l’état de héros. J’ai été, ô Mexicains,votre sauveur, votre homme nécessaire, votre héros. Vous m’aviez élevé une sta tue, convenez-en ; il est vrai que vous venez de la renverser. C’est un ridicule que je vous laisse, en souvenir de moi. Il est d’usage que le héros, le sauveur, l’homme nécessaire, lorsqu’il décampe, se livre à un dernier sauvetage qui est celui de la caisse. On emporte toujours le sac avec soi, c’est encore la Providence qui le veut. Je n’avais garde de négliger cette tra dition, aussi vous pouvez être sans inquiétude sur mes moyens d’existence. Avec beaucoup de piastres et un bon estomac on vit longtemps. Cependant je vais me trouver fort désœuvré, n’ayant plus le Mexi que à administrer; c’est peut-être pour cela que ne pouvant me passer de vous, je me figure que vous ne pouvez vous passer de moi....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • santa-anna
  • anna
  • clément caraguel
  • birch-pfeiffer
  • saint-claire
  • paris
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  • kremlin
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  • colbert
  • mexique
  • moscou
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