Extrait du journal
LE ROI DE HANOVRE ~ . X'- /=h‘VvV/ — Je ne connais pas le roi de Hanovre ; son portrait n’est pas chez Goupii et personne n’a pu me le procu rer à Paris, mais convenez, a ajouté le marquis de la Vertepillière, qu’il doit avoir dans le port et dans la dé marche quelque chose qui rappelle Louis XIV. — Va pour Louis XIV, ai-je répondu; mais d’où vous vient, monsieur le marquis, cette subite admiration pour le roi de Hanovre? — De ce qu’il vient de faire, monsieur. — Et qu’a-t-il fait, s’il vous plait, de si beau? — Il a refusé de reconnaitre le royaume d’Italie ; voilà ce qui lui assure l’estime de ses contemporains et l’ad miration de la postérité. — L’Italie s’en consolera en songeant qu’elle a été reconnue par la Prusse. — La Prusse, monsieur, est une monarchie nouvelle fondée par un roi philosophe qui jouait de la flûte et adressait des vers à Voltaire, l’opinion de la Prusse est de peu de poids en Europe. — La Saxe l’a reconnue également. —Monarchie encore plus récent^, création de l’empire, à peine reconnu par le congrès de Vienne, et singuliè rement déchue depuis la clôture de sa manufacture de porcelaine. — Mais la Bavière ! — Encore une monarchie qui date de l’empire; la Bavière n’aurait pas reconnu l’Italie du temps où elle avait des électeurs ; d’ailleurs qu’attendre d’un roi qui s’est fait l’ami, le séide, le claqueur de Richard Wagner. — La musique de l’avenir conduit logiquement à la politique de l’avenir. Le Tannhauser et le principe des nationalités ne font qu’un. — Le grand-duc de Baden a-t-il lui aussi quelque chose de commun avec Wagner? — Non, mais Baden fait partie de l’Allemagne, on ne sait pas pourquoi, c’est une prolongation de la France ; on y écrit des journaux français, on y joue la comédie française, on n’y trouve que” des cuisiniers français, on n’y lit que des livres français, comment s’étonner qu’un semblable pays reconnaisse l’Italie? Le Hanovre c’est différent ; c’est vraiment la tête et le cœur de l’Allemagne. Une fois reconnue par le Hanovre, l’Italie pouvait se dire : J’existe réellement. Aussi aucun effort n’a été épar gné pour amener le roi de Hanovre à consentir à cette reconnaissance. Ses ministres étaient à la tête de la conspiration. — Sire, lui ont-ils dit, prenez garde ; si vous ne si gnez pas, le Hanovre va tomber dans un isolement complet. — Qu’il y tombe. — Le cabinet tout entier va être obligé de donner sa démission. — Qu’il la donne. — Votre Majesté ne trouvera plus de ministres. — Je m’en passerai. — Les chambres refuseront le budget. — Mais les contribuables paieront comme en Prusse. Les ministres se sont tu, le cabinet n’a pas donné sa démission et le Hanovre n’a pas reconnu l’Italie, et voilà comment un grand prince gouverne 1 Les journaux légitimistes ajoutent d’autres détails à ceux qui m’ont été fournis par le marquis de la Verte pillière. On lit dans Y Union : « Non seulement le roi de Hanovre n’a pas reconnu l’Italie, mais il a déclaré qu’il ne reconnaîtrait pas la reconnaissance de l’Espagne, du Portugal et des autres pays de branche cadette opérée par ses prédécesseurs. Cette nouvelle a produit une très vive sensation dans toute l’Allemagne. » On lit dans la Gazette : « Il n’est bruit dans tous les cercles politiques de la capitale que de l’offre faite par le roi de Hanovre au pape d’un asile dans ses Etats, dans le cas où il croirait...
À propos
Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.
En savoir plus Données de classification - voltaire
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