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Le Constitutionnel, 3 mai 1844

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Le Constitutionnel
3 mai 1844


Extrait du journal

CHAPITRE VI. !■ E FEU DU CIEL. Salut à la perle des curésl dit Léon Marsillat, en secouant familière ment la main du desservant. C'est encore moi, mon cher Guillaume. Curé, vous ne me refuserez pas l'hospitalité d'un fagot et d'un verre de vin, car je suis glacé. Comme ce diable d'ouragan a subitement changé le fond de l'air ! — Je vous croyais déjà loin sur la route de Boussac ? dit le jeune baron. —J'aieu pitié de laisser trotter dans la crotte laDulcinée que j'avaisen croupe, et, en véritable don Quichotte , je suis venu la déposer au sein du Toboso. Mon cheval, ayant ce rude chemin à gravir avecdeuxpersonmes sur le corps, n'a pu monter vite. Tudieu ! que les Gaulois enten daient mal le pavage des routes I Mais puisqu'il plaît au tonnerre et à la grêle de recommencer leur tapage , je ne me soucie pas de m'y ex poser sans nécessité. J'attendrai le beau temps en trop bonne compagnie pour m'impatienter. — Monsieur Léon, dit le curé, qui venait d'appeler sa servante, pour -ranimer le feu et remplir le pichet au vin , vous avez toujours quelque compagne de voyage à promener en triomphe par les chemins. Savezvous que cela fait jaser sur le compte de nos jeunes filles? — Et vous écoutez les mauvais propos? un bijou, un modèle de curé comme vous? vous me scandalisez ! vous me blâmez d'être humain et charitable? c'est affreux de votre part, l'abbé! — Voilà comme il répond toujours! dit le curé qui, au fond, doué d'une extrême bienveillance, et n'étant pas fâché de voir souvent un homme instruit pour lui faire partde ses inductions scientifiques, aimaitLéon Marsillat sans l'estimer beaucoup. On veut le gronder, et c'est lui qui vous fait un sermon ! —Est-ce que ce n'estpas notre métierà tous deux de prêcher? Un curé -dans sa chaire, un avocat à son banc, c'est tout un. — Non pas, non pas ! dit le curé, cela fait deux. — A la bonne heure! deux bavards, deux ergoteurs. Ah! mon petit curé, que votre joli vin gratte agréablement le gosier! il me semble que j'avale une brosse; d'où tirez-vous ce nectar des Dieux? —De Saint-Marcel. Voulez-vous de l'Argenton? — Vous me direz encore que cela fait deux, n'est-ce pas? mais je ne me plains pas de ce clairet, il est charmant . Eh bien ! Guillaume, qu'a Vez-vous donc? vous ne me tenez pas compagnie?Et vous, curé? allons, (1) Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage, est interdite, et serait poursuivie comme contrefaçon. Voir nos numéros des 25, 26, 27, 28 avril, 1" et 2 mai....

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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