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Le Constitutionnel, 5 juillet 1844

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Le Constitutionnel
5 juillet 1844


Extrait du journal

PARIS, A JUILLET. FINANCES. — BUDGET DE 1845. Le résumé rapide que nous, avons tracé, il y a quelques jours, de la situation financière du pays, signale-les progrès faits depuis quatre années dans la voie du,, désordre et ae l'imprévoyance. On les comprendra mieux encore en se reportant à l'époque où le ministère du 29 octobre vint pour la première fois exposer son plan devant les chambres. t Que promettait-on alors ? D'abord, de rétablir en 1843 l'équili bre du budget. Or cet équilibre ne s'est retrouvé, ni en 1843 ni en 1844, et malgré les assurances ministérielles, nous ne l'au rons pas davantage en 4845. La somme des découverts des budgets, à partir de 1840, était •calculée à 372 millions, et devait s'alléger de tout ce qu'on pou vait espérer d'accroissement dans les revenus publics. Cet accrois sement a procuré.au trésor, depuis quatre ans, plus de 200 mil lions de ressources non prévues dans les budgets ; et néanmoins, le découvert dépasse aujourd'hui l'évaluation primitive. M. le ministre des finances le fixait, il y a six mois, à 360 millions il a reconnu, il y a quelques jours, en présentant à la chambre des pairs la loi des crédits supplémentaires, qû'il devait être porté à 365 milions ; mais il suppose, avec son optimisme ordinaire, que l'année courante donnera 2b millions d'excédant de recettes, et n'aura plus à solder de dépenses imprévues. Nous croyons que la commission du budget est plus près de la vérité en compensant l'imprévu des recettes avec celui des dépenses, et fixant le découxert des cinq derniers budgets à 389 millions. N'oublions pas que ce calcul a été établi avant que les affaires de Maroc n'eussent pris un caractère de gravité qui pourra bien se résoudre en crédits supplémentaires. Ainsi, au 31 décembre prochain, les découverts nouveaux joints aux découverts anciens, montant à 256 millions, fermeront une masse de 645 millions, qui, réduite de 209 millions par l'application des réserves jusque là disponibles de l'amortissement, laisseront •encore au trésor un vide de 436 millions. Une administration pru dente appliquerait à l'extinction de ces reliquats du passé toutes le» ressources disponibles, c'est-à-dire, en premier ordre, les ré serves de l'amortissement. Ces ressources provenant de l'impôt re cevraient une destination logique en s'employant à payer des excédans de dépenses. Cela est bien admis en principe; seulement on distingue entre les nouveaux et les anciens découverts, au lieu de les réunir en une seule masse comme nous venons de le faire. Passe encore si la distinction, si peu rationnelle qu'elle soit, avait pour but de procéder par ordre et de payer d'abord les vieux défi cits ; mais c'est précisément le contraire qui a lieu Ces vieux dé ficits, on trouve plus commode de n'en pas tenir compte, afin de pouvoir prétendre que l'amortissement n'est engagé que jusqu'en 4846. Or, la vérité est que, pour effacer la totalité de nos décou verts, en supposant qu'il ne s'en forme pas de nouveaux, il faut y ter sacrer tous les fonds de la réserve jusqu'au milieu de l'an née 18C0. En se décidant à envisager ainsi les faits dans leur réalité, on verrait apparaître bien plus nettement la nécessité de s'adresser au crédit pour faire face à la dépense des travaux publics. C'est là surtout que se montre à nu l'incohérence des vues financières du cabinet au 29 octobre. Le système annoncé d'abord par M. Humann était simple et logique ; il consistait à payer les excédans de dépense des budgets avec les réserves provenant de l'impôt, et à rejeter sur l'avenir, par l'emprunt, les charges qui avaient pour objet des travaux qui devaient profiter à l'avenir. L'emprunt de...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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