Extrait du journal
décision. Sa confiance avait toujours été entière. Il n'avait pas cessé un seul instant do croire à la miséricorde du jury. A la prison, iî avait mis en réserve ses habits, afin, disait-il, de ne pas les user avant sa sortie. Il ne les mettait qu'une fois par semaine, le dimanche, pour assister à la messe. Ces prévisions n'avaient point été partagées par tout le monde. A la Conciergerie, il y une sorte de cabanon qui s'appelle la chambre des morts : c'est là que sont renfermés les condamnés à la peine, capitale. Tout y avait été préparé pour Rousselet. Ce lieu est humide : c'est un des vieux cachots du Chfttelet. Le poêle avait été allumé. Le lit avait été garni de paille fraîche. La camisole do force était toute prête; l'hôte de cette funeste demeure y a manqué. Rousselet, condamné aux travaux forcés à perpétuité, a allumé sa pipe et a continué à se promener com me auparavant dans le préau, sans adresser une parole à qui que ce soit. Le verdict du jury a causé une surprise universelle. En y réfléchis sant bien, on a fini par en comprendre le sens vraisemblable. Toute réflexion nous est interdite sur ce point. Il est de notre devoir, nous le croyons, de nous imposer une réserve dont le motif est facile à saisir. Que les honnêtes gens se rassurent seulement. La répression pénale n'est point énervée pour cela. La justice n'a point brisé le glaive qui frappe l'homicide. Le plaidoyer de Me Chaix-d'Est-Ange contient un passage qui appel lera, il faut l'espérer, l'attention de l'administration^ Il a signalé, avec une vivo énergie, les moyens qu'emploie la police pour obtenir des aveux, et sa parole éloquente portera fruit. Faire moutonner un accusé, c'est-à-dire placer à côté de lui un espion qui cherche à capter sa con fiance, à lui arracher des confidences : c'est un procédé qui répugne à la noblesse, à la sainteté de la justice. La torture a été abolie; il ne faut pas la rétablir, moins cruelle sans doute, mais ayant un but analo gue et les mêmes dangers. Qu'on obtienne par des procédés pareils des résultats à peu près infaillibles dans l'intérêt de l'accusation, cela est possible ; mais de telles déclarations, loin d'éclairer la conscience du juge, y jettent l'incertitude et la méfiance. 11 y aurait bien quelque chose à dire pareillement sur la révélation. La révélation, il est vrai, a rendu de grands services; elle a livré à la vindicte publique des bandes de malfaiteurs. Elle a ouvert aux invêstigations de l'autorité les antres du recel : mais jusqu'à quel point, le sys tème suivi à l'égard des révélateurs est-il conforme aux exigences d'une...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
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