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Le Constitutionnel, 9 septembre 1843

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Le Constitutionnel
9 septembre 1843


Extrait du journal

Deux heures sonnaient, quand j'entrai dans la première cour du col lège. Jean m'y attendait déjà. Il était assis. sous l'un des vieux acacias qui, à cette époque, ombrageaient l'avenue de la terrasse, vis-à-vis l'un des perrons par où l'on descend dans une deuxième cour , sur laquelle .s'ouvrent les portes des différen.tes classes, et, rêveur, il s'amusait à ra masser dans le creux de sa main les grappes de fleurs tombées, que des vagues bouffées de vent éparpillaient en les effeuillant autour de lui. Dès qu'il m'aperçut, il vint à ma rencontre; il voulut parler , m'interroger sur le comptede la fille dé Jacques; mais il ne put que balbutier à demivoix deux ou trois mots, bien obscurs , bien timides, Jontl'incohérence m'expliqua suffisamment sa pensée. Puis, se penchant vers moi : —Eh bien! ami, me dit-il, as-tu un peu songé à notre dissertation sur le syllo. gisme? — Oui, pauvre fou! vilain sauvage! répondis-je , on s'est occupé de ton pensum, et de bien d'autres choses encore qui vous intéressent, Monsieur, et dont vous avez grande envie, n'est-ce pas, qu'on vous ins truise? Tous ne méritez guère pourtant qu'on vous, aime autant qu'on le fait, méchant enfant! ' ■ — O Dieu! que dis-tu? moi ne point t'aimer ! s'écria-t-il; mais après elle... elle ! tu sais bien, et... ma mère, ajouta-t-il, un peu honteux... — Oh ! puisque votre mère ne vient également qu'après, interrompis se, j'aurais tort, certes, de me fâcher, Monsieur Jean, que vous placiez du moins votre mère avant moi ! Il pâlit, et, m'envisageant d'un air tout désolé, se prit à exhaler l'un sur l'autre de petitssoupirsde contrition qui m'eussent diverti beaucoup, •-•Si, connaissant la sensibilité maladive de son cour, je n'eusse craint de le blesser cruellement. — Bon! pourquoi donc aussi, continuai-je, me quitter, là, seul avec «lie ? Est-ce honnête, cela? Je me venge. — Oh! pardon, me dit-il; c'est que j'ai eu peur, vois-tu! le courage m'a manqué... mais c'est égal, tu as raison, gronde-moi, c'est mal ! j'ai dû te laisser dans un étrange embarras. —Moi ? répartis-je; ah ! par exemple ! point du tout....

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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Données de classification
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