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Le Constitutionnel, 21 juillet 1844

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Le Constitutionnel
21 juillet 1844


Extrait du journal

PARIS, S» .SITMiIiE^. Il y a quelques jours, l'Univers annonçait que M. l'archevêque •de Paris et les évêques présens à Paris venaient d'adresser à M. le garde-des-sceaux, une protestation contre la proposition exprimée dans le rapport de M. Thiers, de rendre aux petits séminaires les 8,000 bourses que les ordonnances de 1828 avaient créées. _ Deux jours après, l'Ami de la Religion, qui passe pour être ré digé sous l'influence de M. l'archevêque de Paris," déclarait que la nouvelle donnée par l'Univers était inexacte; que M. l'archevêque de Paris n'avait pas encore adressé la protestation au ministre des cultes; que les indiscrètes révélations de l'Univers avaient, pour tout-fondement, une-simpte conversTïtion eiilre trois évêques, affligés, d'ailleurs, de ce qu'on eût livré leurs résolutions à peine arrêtées k une publicité qu'ils désapprouvent. L'Univers répond aujourd'hui : ' « Nous maintenons, malgré tous les dires contraires, la vérité » des faits contenus dans cette note. » Les réflexions (de Y Ami de la Religion) n'ont rien d'officiel. » Cette feuille a parfois sur la publicité des idées différentes des » nôtres ; mais son avis n'est pas si généralement partagé, que » nous soyons obligés de nous y rendre. » Où est la vérité? M. l'archevêque de Paris a-t-il envoyé ou n'a-t-il. pas envoyé la protestation? Trois prélats du royaume ont-ils donné, oui ou non, au pays l'exemple nouveau d'une réclamation adres sée à un ministre contre les travaux d'une commission parlemen taire ? Les évêques qui ont échangé leurs idées au sujet du rap port de M. Thiers, ont-ils approuvé, oui ou non, la publicité don née aux résolutions qu'ils ont prises ? Il est très possible que ces prélats ne soient pas d'accord. Il faut bien que l'un d'eux au moins ait été le premier indiscret et ait livré à l'Univers le secret de leur conversation. D'un autre côté, iLy a lieu de croire que M. l'arche vêque de Paris a autorisé le demi-désaveu publié par l'Ami de la Religion. C'est donc à M. Affre que s'adresse cette déclaration hautaine : « Votre avis n'est, pas si généralement partagé, que nous soyons obliges de nous y rendre. » Si les choses sont ainsi, nous verrons bientôt M. l'archevêque •de Paris se courber sous la férule de quelqu'un de ses confrè res, et abjurer toute modération par obéissance. Le clergé agit comme un parti et comme un parti passionné. Il subit les conséquences de cette conduite : chez lui, comme chez toute faction violente, les emportés mènent les sages ; les déclamateurs font taire les gens sensés; les partisans des mes.ures extrê mes ontpour instrumehsetpour complicesles premiers auteurs des conseils modérés. Des jésuites qui veulent s'imposer à la France et instruire la jeunesse malgré les lois, ont d'abord prêché tout bas 3a croisade contre l'Université ; quelques écrivains qui ne peuvent se passer de guerre et de scandale ont soufflé entre l'état et l'é glise le feu de la discorde; dfespamphlétaires, bien servis par de secrets et nombreux collaborateurs, ont entrepris la tâche odieuse de falsifier la pensée d'autrui, de tronquer des phrâses, de défigurer des textes, de construire un édifice de mensonge et de calomnie ; quelques prédicateurs, amateurs de facile renommée, ont cherché des effets oratoires dans des déclamations contre les écoles de pestilence; trois ou quatre évêques légitimistes par opi nion, querelleurs par tempérament, ont fulminé contre le corps enseignant les anathêmes qu'ils n'osaient pas lancer contre la royauté de 1830. Au milieu de tout ce bruit, la plupart des autres f>rélats ont d'abord tenu une conduite réservée et pacifique. Mais e gouvernement, plein de mauvaises espérances et de ridicules faiblesses , avait conçu le beau dessein d'obtenir le concours de l'église pour un système politique; ce fut seulement par des con cessions qu'il songea à apaiser les premières clameurs poussées au nom du clergé. Les sollicitations secrètes et les pitoyables frayeurs du pouvoir troublèrent l'esprit des évêques et leur firent croire qu'avec un peu d'insistance et de menace ils pourraient se faire tout accorder....

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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