Extrait du journal
J heureusement lutté le dernier roi, subsistent encore, ou plutôt ont grandi par leur persistance même. Le temps est venu d'aviser. D'ailleurs, l'état des esprits ne permet guères plus qu'on suive les anciens erremens. L'unité constitutionnelle, tel est le besoin du pays, tel est le devoir de l'administration. Et le premier pas vers ce but, c'est la réforme de la constitution qui régit actuelle ment la Suède. Le projet discuté par la diète de 1840 satisfait à tous les be soins du moment. D'après les dispositions de ce projet, seraient abrogés les privilèges en vertu desquels les chefs de familles no bles et les hauts dignitaires du clergé siègent de droit dans les états-généraux. La distinction des quatre Ordres serait par consé3uent abolie. La représentation nationale émanerait tout entière e l'élection. Il suffirait de payer environ 10 fr. de contribution , ou de posséder une propriété foncière d'une valeur de 20 fr. pour avoir la capacité électorale ; la fixation d'un cens aussi mi nime appellerait la plus grande partie de la nation à l'exercice des droits politiques. Voilà quels sont les articles principaux du pro jet. On voit que l'adoption de la loi nouvelle constituerait un im mense progrès sur ce qui existe actuellement. La disposition des esprits au sujet de la réforme n'est pas dou teuse. La presqu'unanimité des Suédois la réclame. Cependant il est à peu près impossible de prévoir quelle sera l'issue de la dis cussion de la diète. Comme dans les questions constitutionnelles l'unanimité est rigoureusement nécessaire, il suffira du vote né gatif d'un des quatre Ordres pour faire rejeter le projet. On ne sait quelle conduite tiendra le ministère. Il est composé en pro portions à peu près égales de conservateurs et de libéraux. On cite entre autres, parmi ces derniers, M. Verne, un des chefs les plus influens de l'oppositionàl'ancienne diète, et appelé récemment par le roi Oscar dans ses conseils; M. de Ihre, ministre des affaires étrangères; M. de Peyron, d'origine française, ministre de la guerre, M. de Nordenfalc, ministre sans portefeuille. Lesantécédèns de tous ces hommes d'état font supposer qu'ils seront plutôt favorables qu'hostiles au projet de réforme. Quant au roi, ses dis positions étaient encore un mystère à la date des dernières nou velles. On disait cependant qu'il se contenterait, de rester neutre pendantles débats, et qu'il ne refuserait passa sanction, si la loi était adoptée. Mais il est à craindre que l'influence de l'empereur de Russie, avec qui il a des liens de famille, ne le détîrmine à une conduite contraire au vœu du pays. Et puis est-il probable qu'il reste spectateur indifférent de débats d'une 'si haute importance? car l'adoption de la loi en question donnerait une direction nouvelle , non seulement à la politique inté rieure de la Suède, mais encore à sa politique extérieure. En effet, une fois que l'élément démocratique sera introduit dans l'organisation de ce pays, la solidarité d'un même prin cipe politique rejettera à peu près forcément le gouvernement dans l'alliance des états constitutionnels du reste de l'Europe, et cela d'autant plus que l'alliance russe est impopulaire chez la nation. On le voit, la gravité même des intérêts engagés dans la question doit susciter bien des obstacles à la solution désirée. Si le roi est bien conseillé, il accordera volontairement dès aujourd'hui ce que plus tard lui arracherait sans doute la nécessité; il voudra que la réforme de la constitution s'accomplisse par lui plutôt que contre lui, et il fera dater de son règne l'ère constitutionnelle de la Suède. Mais quel que soit le vote de la diète, quelle que soit la décision du roi, le projet actuel finira par l'emporter, parce qu'il a pour lui les besoins mêmes du pays, le progrès naturel des...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
En savoir plus Données de classification - scribe
- molière
- desrousseaux
- bernardet
- verne
- de peyron
- de ihre
- théodore
- rigaud
- europe
- stockholm
- paris
- molière
- dante
- champagne
- montmartre
- comité de constitution