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Le Constitutionnel, 23 mai 1844

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Le Constitutionnel
23 mai 1844


Extrait du journal

PABIS,. 8# MAI.. Le Journal des Débats, après huit jours de méditation, dit enfin son avis sur la brochure de M. le prince de Joinville. Selon lui, le prince, cédant à une vivacité excessive de jeune homme, et recher chant peut-être une popularité trompeuse, vient de commettre ùn acte qui ne tend à rien moins qu[à-,désorganiser une des grandes administrations de l'état et à affaiblir le système tout entier, du gouvernement. Cette démarche de M. le prince de Joinville est au moins une imprudence, une indiscirétiofil '-Voilà- ce Que pense le Journal des Débats.- Ne lui demandez pas, du reste, de discuter je fond des choses et d'examiner si notre marine à vapeur est sur un pied respectable ; il vous répondra que la brochure est d'un ex cellentstyle et a des dispositions vraiment heureuses pour devenir publiciste. On n'est pas plus impertinent. Evidemment le journal ministé riel s'est inspiré du Times et dti Morning-Chronicle. Seule ment les journaux anglais ont écrit dès le premier jour de la pu blication, sous l'influence d'un premier mouvement, et, s'ils ont quelque crédit sur notre gouvernement, ils ne passent pas du moins pour être ses dociles organes. . Nous laisserons le Journal des Débats se livrer à toute la verve de son humeur; nous ne sommes » ni par état, ni par.sys tème, les' flatteurs ou les défenseurs des princes. Nous n'avons pas pris l'emploi d'enseigner au pays l'excellence du gouvernement personnel et des influences princier es. Lejournal qui a cette charge nous représente aujourd'hui que l'intervention des princes dans les affaires publiques peut entraîner de grands inconvéniens, qu'elle est peu constitutionnelle, qu'il ne faut pas l'encourager. Eh mon Dieu ! nous l'avons dit avant lui. Il y a deux jours encore nous avons pris soin de rappeler ces principes ; il y a peu de se maines nous écrivions que nous ne voulions pas pour la France du gouvernement des archiducs. Mais le Journal des Débats est un maladroit. Il ne voit pas quelles armes il nous donne et quelles difficultés il se prépare. Le jour où on viendra nous proposér de nommer un prince vice-roi et dé détacher à demi l'Algérie de la France pour en faire une espècede royaume, nous lui rappel lerons les maximes que le dépit lui fait aujourd'hui répéter. Nous lui redirons que la responsabilité est la première loi du gouverne ment représentatif, et que les erreurs des simples, citoyens ont moins de suites que celles des princes. Mais , pauvres gens ! la surprise que vous a fait éprouver la lecture de la Note du prince vous a troublé l'esprit, et vous n'ê tes pas encore bien remis de ce trouble. Vous ne voyez pas les choses telles qu'elles sont. Remettez-vous donc un peu, et reli sez de sang-froid cet écrit qui vous désole. Vous verrez, comme tout le monde, que rien n'est plus spontané, plus sincère, plus étranger à tout esprit de parti, plus réellement inspiré par une conviction profonde et personnelle, par une étude laborieuse et complète de la situation de notre marine. Cette révélation, eétte indiscrétion, comme vous dites, contrarie votre politique ét vous irrite. Mais ce que vous trouvez majuvais au point de vue de vos intérêts et de vos calculs, qui nous empêche de le trouver bon lorsque nous y voyons un service rendu au pays, un utile et puis sant avertissement donné à la France ? ' Le prince est un indiscret ! Il a dit à son pays : Profitez des loisirs de la paix pour organiser vos forces ; n'abandonnez jamais le soin de votre grandeur, Le génie de l'homme a fait une magni fique découverte qu'une autre nation perfectionne chaque jour, afin, si le malheur veut que la guerre éclate, d'en tirer, même pour la guerre, tous les avantages possibles. Imitez au moins cette nation laborieuse et fière; le développement de votre marine ne dérangera pas la paix du monde, au contraire. À-t-ôn vu les nations des siècles derniers s'obstiner, par humeur pacifique, à repousser la découverte de la poudre pour conserver l'armure de l'ancienne chevalerie et l'arbalète des archers ? '...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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