Extrait du journal
PARIS, «3 M Aï. Nous l'avons dit : Nous n'avons pas à examiner si la brochure publiée par M. le prince de Joinville fait ou non les affaires du ministère , mais si elle fait les affaires de l'état. C'est là seulement ce qui importe, et sur ce point il n'y a qu'une voix. Cependant, après avoir de nouveau constaté hier, et cette haute utilité de l'é crit du prince et cette unanimité d'approbation, nous ne tairons pas notre pensée sur l'étrange préoccupation du Journal des Débats qui, laissant de côté les affaires de l'état, n'a songé qu'aux affaires ministérielles. Dans des phrases où l'aigreur perce à travers les complimens, et où l'impertinence s'enveloppe de protestations respectueuses^ Ja feuille miûistérielle reproche clairement -air prince "do s'être prêté plus ou moins directement à une intrigue : c'est le mot favori du journal de l'austère M. Guizot. « Rien au » monde, dit-il, ne nous ôtera la conviction que si M. le prince de » Joinville eût pu supposer un seul instant que des partis ou des » chefs de parti peu scrupuleux feraient de sa note un instrument » d'intrigue, il n'eût pas permis que ses intentions fussent ainsi » dénaturées, et que le but patriotique qu'il avait en vue fut trans» formé en une arme à l'usage d'un premier ministre en disponir » biiité.... Nous lui exprimerons la crainte. . qu'on n'ait, pour » dire un mot fâcheux, exploité au profit d'une manœuvre mmis» térielle, l'entraînement naturel à son âge, et en particulier, » dit-on, à son caractère. » Une réflexion nous frappe. S'il était vrai, vrai au moindre de gré, comme ose le dire le Journal des Débats, que le prince fût entré dans une intrigue ministérielle, par un acte public qui a été d'ailleurs hautement approuvé, les ministres seraient les derniers des hommes ou leur démission aurait dû être donnée sur-lechamp. Nous ne nous arrêterons pas à faire remarquer l'absurdité de çes paroles : « Le prince n'aurait pas permis qu'on dénaturât » ses intentions, s'il avait supposé qu'on les dénaturerait. » Écartons vos vaines précautions oratoires; vous faites enten dre que le prince, par entraînement de jeunesse, par humeur contredisante , par goût pour une popularité trompeuse, a voulu seconder, en publiant son écrit, des calculs d'opposition et des manœuvres ambitieuses. Yous dites qu'au-dessus de lui on n'a mis obstacle à sa résolution, ni par l'exercice d'une autorité toujours respectée, ni même par de simples conseils. Yous n'ex pliquez certainement pas cette haute autorisation par l'inexpé rience, par la naïveté de l'âge , ou par l'excessive vivacité d un caractère aventureux. Et cependant vos ministres ont conservé leurs portefeuilles ! De quel mépris une telle résignation ne se rait-elle pas digne ? Mais cette prétendue intrigue ministérielle n'est qu'une fable ca lomnieuse et une haute imprudence. Yoici la vérité, qui ne vaut guère mieux pour le ministère que son propre mensonge. A la première apparition de la brochure, on se tint sur la ré serve ; on était prêt ou à revendiquer les idées du prince ou à les désavouer. Dans le premier cas, on aurait loué la brochure , la forme, le style, les pensées, les conclusions. On aurait affirmé que dès long-temps le gouvernement, dans sa profonde sagesse, médi tait les innovations dont la rare intelligence du prince avait entre vu l'utilité et l'importance. On aurait raillé l'opposition qui, en accueillant avec faveur des idées justes et patriotiques, fesait ainsi d'avance et implicitement l'éloge des actes que le ministère se pro posait d'accomplir. Mais avant de parler ainsi, on attendait quelSue chose; on était inquiet, incertain, plein de trouble et de déance, on gagnait du temps par la publication de quelques lignes absolument dénuées de sens; on attendait de savoir.... ce que penserait l'Angleterre. En effet, s'il y avait une intrigue ministérielle, si l'interveniion du jeune amiral dans les affaires de la marine paraissait dange reuse, si l'on était formalisé à. ce point dé sa démarche, pourquoi ne pas le dire brièvement, spontanément, dès le premier jour? La publication de la brochure, à 50 centimes, sous forme d'édition populaire, dont le Journal des Débats prenait texte hier, a-t-elle été nécessaire pour faire découvrir la fameuse intrigue et pour...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
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