Extrait du journal
LA FONTAINE AUX LOUPS. Dans les beaux jours de l'automne dernier un jeune homme, Franz Larivière, qui passait la saison en Normandie chez une vieille tante re tirée du monde,,se leva un matin saisi d'une idée soudaine. Il rencontra sa tante dans l'escalier. — Ma tante, dit-il en la saluant, je vais au château de l'Ecluse. II ordonna à un domestique de seller son cheval. — C'est un beau chemin, mon cher Franz, dit la tante : des bois à traverser, des prairies qui ne finissent pas, en un mot toujours des om brages et du gazon. Mais toute la vie sera pour toi comme ce beau Chemin. , , Franz Larivière se mit à table pour déjeûner avec sa tante. Non-seu lement il ne déjeûna pas avec la bonne dame, mais il ne lui tint pas compagnie tant son esprit était loin de là. ' Quand il monta à cheval, sa tante lui dit, en lui faisant un signe d'a dieu : — Mon cher Franz , je vous trouve bien distrait et bien bizarre au jourd'hui. Prenez garde à vous. » Le jeune homme partit sans répondre. Il commença par galoper avec l'ardeur d'un héros qui s'élance au combat. Il fit ainsi plus d'une lieue ébloui par mille visions charmantes , sans pitié pour la noble bête qui fuyait comme le vent. En arrivant dans les'bois il voulut respirer un peu, il flatta le cou de son cheval et lui parla doucement pour le calmer. Il se mit à, rêver.avec délices au château de 1 Ecluse ; il voyait déjà se dessiner dans son imagination les tourelles badigeonnées , le portail massif, la grande fenêtre gothique sculptée avec tant d'art, où peu dé jours auparavant il avait vu s'encadrer une charmante "figure.- Il était dominé tour-à-tour par la crainte d'arriver trop tôt et parla crainte d'arriver trop tard — Voyons, dit-il, il n'y a pas de temps à perdre. Ce même jour, à la même heure , dans le même pays , un jeune mé decin, à peine échappé des bancs de l'école , se dit, en fumant le pre mier cigare du matin ; — Pourquoi n'irais-je pas au château de l'Ecluse ? Le médecin était un jeune homme élégant, qùi s'était résigné depuis peu à la vie de campagne, n'ayant pas de quoi vivre ailleurs. Sa famille était pauvre ; il n'avait rien à attendre que de sa science et du hasard ; il avait le bon esprit de compter beaucoup plus sur l'un que sur l'autre. Il déposa soudainement son cigare , sella lui-même sou cheval, et partit par le chemin du château aussi gaîment que s'il eût été appelé par trois malades à la fois. — C'est étonnant, dit son jardinier, en le voyant disparaître dans une allée de pommiers. M. Martineau s'en va aujourd'hui sans me dire une seule parole. Que peut-il aller faire-de.ee côté-là? M. Gustave Martineau ne songeait pas ce jour-là à son jardin : tous ses rêves s'envolaient vers le château de l'Ecluse , comme s'il devait y...
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
En savoir plus Données de classification - bruat
- d'aubigny
- martineau
- pritchàrd
- robert peel
- prit
- guizot
- angleterre
- france
- aubigny
- maroc
- tanger
- normandie
- europe
- valparaiso
- londres
- aboukir