Extrait du journal
ne me comprends pas, tu ne sais pas seulement ce que je te demande. — Hélas! mon petit parrain, dit Jeanne en se mettant à genoux au près du chevet de Guillaume, il ne faut pas vous échauffer le sang comme ça ; vous voilà comme quand vous étiez malade, et que vous me reprochiez toujours de ne pas vous être assez attachée. Je vous soignaispourtant de mon mieux. Ça n'est pas de ma faute, si je suis simple et si je ne comprends pas bien tous les mots que vous dites. — Tu comprends tout, Jeanne, excepté un seul mot, aimer 1 — Hélas! mon Dieu! si vous n'étiez pas malade, je vous dirais qua vous êt.es injuste pour moi. Mais si ça vous fait du bien de me gronder, grondez-moi donc, soulagez-vous le cœur. — Oh! cruelle, cruelle enfant, qui ne comprend pas l'amour ! s'écria Guillaume en se tordant les mains. — Vous dites là un mot qui n'est pas joli, mon parrain. C'est des mots à M. Marsillat. — Oh! oui, je le sais, Marsillat t'a parlé d'amour, lui aussi!... — Il en parle à toutes les filles, mais il en parle bien mal, allez, mon parrain ! —Le misérable ! il t'a insultée? — Oh non, mon parrain. Je ne me serais pas laissé insulter. Et d'ail leurs, il ne faut ras vous fâcher contre lui. C'est un homme qui n'est pas bête et qui écoute assez la raison. Il y a long-temps qu'il ne m'en nuie plus, etmêmement un jour que je lui faisais honte de ses folletés, il m'a promis bien honnêtement qu'il me luirait tranquille dorénavant, et je ne peux pas dire que j'aie eu depuis à me plaindre de lui. —Mais pourquoi ce mot d'amour te choque-t-il aussi dans ma bou che, dis! Allons, réponds! —Je ne pourrais pas vous dire... mon parrain.., Mais ça me paraît que c'est vous qui ne m'aimez plus quand vous me dites des choses comme ça. —Jeanne, je te comprends, tu crois que je veux te tromper, te sé duire... — Oh ! non, mon parrain, je ne crois pas ça de vous ; vous êtes trop bon et trop honnête pour avoir ces idées-là. — Et pourtant mon amour t'offense et t'effraie ! —Dame, mon parrain, si je suis bête, excusez-moi. C'est un mot que nous comprenons peut-être d'une façon et vous d'une autre. Nous di sons ça, nous autres, quand nous parlons des gens amoureux. — Eh bien ! Jeanne, si j'étais amoureux de toi ! —Oh non! mon parrain, ça n'est pas, dit Jeanne en baissant les yeux avec tristesse; c'est la maladie qui vous fait dire ça. — Eh bien ! oui, c'est la maladie qui me le fait dire : la fièvre est comme le vin, elle nous fait dire ce que nous pensons. — 11 ne faut pas me traiter comme ça, mon parrain, dit Jeanne d'un, air sévère, malgré sa douceur, je ne l'ai "pas mérité. —Ainsi tu me repousses, tu me hais ! —Est-il possible, mon Dieu! dit Jeanne en cachant son visage baigné de larmes, dans son tablier. —Oh! je t'offense et je. t'afflige! que je suis malheureux ! je m'étais égaré ■ tu n'as pas d'amour pour moi ! —Oh! mon parrain, je ne me serais jamais permis ça, et j'aimeraismieux mourir que de me mettre ça dans la tête....
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
En savoir plus Données de classification - guizot
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