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Le Constitutionnel, 27 décembre 1833

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Le Constitutionnel
27 décembre 1833


Extrait du journal

prédécesseur; il l'a caractérisé avec justice, loué avec bonne foi, sans réticence comme sans exagération. Les ouvrages de M. Laya étaient de bonnes actions, de sorte que le récipiendaire a élevé encore plus haut le citoyen que l'écrivain, le courage politique que le talent littéraire. Passer sans trop de disparate du professeur de la faculté des lettres, plongé tout entier dans les sources antiques, et dans ce qu'on est convenu d'appeler les doctrines classiques, à la profes sion de foi de son penchant déclaré pour la nouvelle école litté raire, était un vrai tour de force; M. Nodier l'a fait devant nous, et sans trop d'effort ; mais, en avouant ses sympathies pour la ré novation de la littérature du moyen-âge, et la renaissance de sa gloire dans les arts comme dans les lettres, il a posé de justes bornes à son admiration. Il n'a pas nommé un écrivain de nos jours au quel il accorde fort libéralement le don du génie. Malgré cette concession, il se tromperait beaucoup s'il pensait que ses protesta tions contre les écarts de ce génie, qui lui paraît marcher vers un abîme, effaceront entièrement le souvenir de ses éloges immodérés. Plus la raison avoue ses restrictions, plus l'assemblée presque tout entière s'est montrée d'accord avec lui dans ses réflexions critiques, et plus il doit être certain d'avoir fait une blessure incurable dans le cœur de l'offensé. Cependant il est certain que l'orateur était animé parles sentimens les plus généreux, qu'il a cru remplir un devoir de la conscience et donner un avis utile. Toute cette partie du discours était écrite avec un sentiment vrai, avec une dignité remarquable, surtout avec l'accent d'une an cienne et sincère affection. Le récipiendaire s'est élevé jusqu'à l'éloquence en défendant les intérêts de la vraie littérature contre les écrivains qui semblent avoir conspiré la ruine delà mo rale publique. Jamais le ministère de la critique ne fut plus no^blemcnt exercé que par M. Nodier dan* cette circonstance., Les applaudissemens unanimes des spectateurs ont dû lui prouver que ses doctrines et ses paroles avaient trouvé un écho dans tous les cœurs. Sur le texte inépuisable de l'union intime de la morale avec la littérature, sur le respect que les écrivains se doivent à eux-mê mes et aux autres, sur l'impossibilité pour, un homme de vrai ta lent, d'accepter le rôle de corrupteur du peuple , d'empoisonneur de l'opinion, M. Nodier a dit les plus belles choses du monde , exprimées dans un langage digne d'elles. Fidèle à cet ordre- d'idées et au ton élevé qu'il venait de prendre , l'orateur a terminé son discours par le plus noble souvenir accordé à la vieillesse , à l'exil, en présence du pouvoir qu'il a remercié de lui laisser la franchise de sa conscience. De vifs applaudissemens ont accueilli ce langage ainsi qu'un éloge du Roi où respirait toute la dignité de l'homme de lettres. - . M. Jouy, chargé de répondre à M. Nodier , s'est acquitté de cette tâche avec esprit, avec convenance, quelquefois avec malice, toujours avec à propos. Peut-être, en suivant l'exemple du réci piendaire , et emporté par un zèle louable en lui-même, s'est-il un peu laissé entraîner hors de son sujet, dans ses vives apostrophes contre la licence de la presse. Au reste , nous nous empressons de dire qu'il reconnaît , dans son discours , que la liberté de la presse porte en elle-même le remède au mal qu'elle peut causer ; nous ne voudrions pas que l'on abusât de quelques paroles véhé mentes pour croire qu'un homme d'esprit , et un bon citoyen comme lui, ait eu un moment la pensée de réclamer des restric tions à !a plus précieuse de nos libertés; ilvl'a défendue depuis quarante ans , il ne voudrait jamais qu'elle éprouvât la plus légère atteinte. La séance a été terminée par la lecture que M. Tissot a' faite de deux idylles de Théocrite, qui ont paru traduites avec autant d'élégance que de fidélité. AFFAIRES D'ESPAGNE. ( Correspondance particulière du Constitutionnel , par l'nn de ses rédacteurs.) Madrid, 14 décembre. Au milieu de la préoccupation du grand duel politique et de la guerre de portefeuilles qui agite en ce moment tout Madrid, je n'ai pu vous dire que quelques mots du fameux décret qui divise en 49 provinces le terri toire espagnol, delà création des su.bdclega.dos de fomenlo , et surtout de l'instruction si remarquable donnée à ces nouveaux dépositaires de l'autorité. Commençons d'abord par le décret....

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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