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Le Courrier de Bourges, 1 décembre 1858

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Le Courrier de Bourges
1 décembre 1858


Extrait du journal

de probabilité qu’ils aient une souche commune ; il est plutôt à croire que c’étaient dans l’origine des gens de pas grand’chose comme naissance, qui, ayant montré du courage, ont reçu ce sobri quet flatteur. « C’est encore la mode dans le midi de la France, et ce devait être très-commun autrefois, quand les actes civils étaient mal tenus et que les vilains, comme vous et moi, monsieur, comptaient pour si peu dans le monde ; mais laissons cette êigression et venons au fait que vous tenez à éclaircir. « Mon père, que j’ai eu le malheur de perdre en 1823, avait été secrétaire du district de Dijon, puis secrétaire général de la préfec ture de la Côte-d’Or en 1815; il fui nommé représentant pendant les Cent-Jours, puis destitué de son emploi à la préfecture, empri sonné comme bonapartiste, etc. • J’étais alors à l’armée derrière la Loire ; mon père est mort pauvre, mais estimé de tous. Je ne lui ai pas connu un seul ennemi. Ses amis l’appelaient Jésus-Christ, tant il était bon pour tout le monde ; je ne lui ressemble en rien. H était mince, et je suis fort et gros ; il était doux, et l’on me trouve bourru. Enfin, il avait autant de belles et bonnes qualités qu’on dit que j’ai des défauts, et je crois qu’on ne se trompe pas ; mon père a élevé une nombreuse famille, bien réduite aujourd’hui. J’ai une sœur, non mariée, à Dijon ; une autre qui est veuve, et dont un des fils, M. Cirroddc, est ingénieur des ponts et chaussées à Châtillon-sur-Seine ; il est presque votre voisin. J’avais un frère cadet, que j’ai eu le malheur de perdre en 1814. Mon père avait un frère aîné qui est mort bibliothécaire de la ville de Dijon ; mon grand-père était petit marchand de soie sur la place Saiut-Vinccnl, à Dijon ; son père avait été cordonnier ; je ne puis remonter plus haut, mes quartiers de noblesse s’arrêtent là. J’ai entendu dire qu’un de mes grands oncles avait été soldat et blessé dans le Canada. « Mon père avait épousé une demoiselle Canquoin. Un frère de ma mère est mort curé à Genlis (Côte-d’Or) ; c’était un excellent homme ; nous le regrettons tous les jours. Son frère avait été direc teur de l’enregistrement ; nous l’avons perdu en 1839. « Je n’ai pas d’enfant, et c’est le plus grand chagrin qu’ait pu me faire le bon Dieu ; je ne lui ai jamais demandé ni richesse, ni hon neurs; il m’a donné ce que je ne désirais pas, et m’a enlevé l’an passé mon beau-fils, l’enfant de ma femme ; il faut se soumettre à ses décrets. « Je suis né à Dijon, le 6 décembre 1790 ; à peine si je me rap pelle ma mère. Nous étions bien pauvres, bien pauvres ! Nous avons clé élevés bien doucement, bien tendrement, mais an milieu des privations de toute espèce. La bonne qui m a reçu vit encore, elle habite Dijon. Mes sœurs et moi nous l’aimons comme une mère ; elle nous aime comme si nous étions ses enfants. Le bon Dieu ne fait plus des êtres dévoués comme l’a été celte fille, qui nous a tous reçus dans ce monde et soignés avec un amour que je ne saurais exprimer ; elle a refusé vingt partis pour rester avec nous qui lui donnions cependant tant de mal. Je suis entré à l’Ecole polytechni que à seize ans ; j’en suis sorti pour entrer dans le génie. « Le grade qui m’a fait le plus de plaisir, c’est celui de caporal à l’Ecole polytechnique. J’ai fait la campagne de Russie, celle de 1813. J’ai été fait prisonnier à la fin de 1813. J’étais à Waterloo. J’ai été blessé à la défense de Paris en 1815. J’ai eu la jambe la bourée par un biscaïcn au siège d’Alger, en 1830. Mes chefs ont dit qu’ils étaient contents de moi au siège d’Anvers, en 1832. « L’Empereur m’a dit qu’il avait clé content de moi au siège de Rome. « Voilà, monsieur, mon histoire à peu près complète. Je serai très content si vous trouvez dans tout cela quelques preuves d’une communauté d’origine entre votre famille et la mienne. « Je vous prie d’agréer l’assurance de ma parfaite estime, et de me croire votre dévoué serviteur. « Le maréchal Vaillant. •...

À propos

Journal d'informations et d'annonces généralistes, le Courrier de Bourges traitait des actualités politiques, agricoles, littéraires ou religieuses. Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptisa le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, après la chute du Second Empire, le journal devient le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu'à sa disparition en 1902, Le Messager du Cher.

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