Extrait du journal

On écrit de Paris au Times : Dans ma lettre d’hier, je vous disais que c’était lundi dernier que le baron Brunnow avait lu au comte Walewski la circulaire du prince Gorlchakoff. C’était une erreur. Cette communication a eu lieu il y a dix jours. La circulaire en question n’a, dit-on. d’importance que par le fait de sa publication, laquelle n’est due qu’à une indiscrétion. Ces in discrétions là sont assez dans l’habitude du gouvernement russe et ne lui déplaisent pas trop quand elles arrivent. Du reste, ce n’est pas dans cette circulaire que le cabinet de SaintPétersbourg a, pour la première fois, exprimé ses vues sur la question de Naples. On parle d’une lettre autographe du czar, qui aurait été adressée, il y a quelque temps, à l’empereur des Français. Alexandre Il insistait, en termes plus polis sans doute que le prince Gorlchakoff, sur l’injustice de la politique d’intervention dans les affaires intérieures des autres Etats et sur la difficulté de maintenir la paix européenne si on suivait un pareil système. La lettre se termine, dit-on, par des as surances de la plus grande confiance dans la sagesse et la modération de l’empereur Napoléon. Quelques personnes persistent à ci oire qu’au dernier moment le roi de Naples cédera. Ferdinand sait avec quelle répugnance l’Empereur des Français s'engagerait dans une voie qui pourrait amener une explo sion révolutionnaire. En effet, les conséquences d'un premier mouve ment libéral pourraient être incalculables. C'est pour cela sans doute que le courrier qui devait porter au ministre français à Naples les der nières instructions de son gouvernement n’est pas encore parti. Mais tout sera décidé après le retour de l’Empereur....