Extrait du journal
terre. Ainsi exalté, insensé, ivre d'imagination déso ée, il lui sem blait que sa volonté pouvait courber les desseins de Dieu jusqu’à la satisfaction de son amour, et il rôda souvent autour du Gcnétey avec la pensée qu’une étreinte énergique , comme celle qu’il sentait dans sa passion , pouvait redonner la vigueur à ces muscles affaissés cl river une âme dans ce corps épuisé. 11 u’enlra jamais pourtant, non qu’il songeât alors à la promesse qu'il avait faite, mais il abattit son orgueil sous sa foi chrétienne ; il sacrifia la folie de son égoïsme, le désir ardent qu'il éprouvait de la revoir encore, à la pensée des crises, des souffrances morales où il la jetterait. Il se répétait sans cesse que rien ne pouvait la sauver ; et quand il fut un "peu apaisé, el maître de sou imagination, la viva cité de son amour l’effraya. Il ne voulut poim par le spectacle de sa passion troubler ce cœur qui s’eu allait vers Dieu sans regretter un monde où il se fut rattaché désespérément cl douloureusement, en voyant son amour partagé. Il se rappela les paroles du prêtre et il se promit qu’il n’irait pas jeter dans celle âme ardente des éclairs de passion humaine qui diminueraient ou retarderaient le bonheur céleste auijuel elle était appelée. Le neuvième jour, il apprit que Pascalinc était morte. Il ne vou lut écouler aucun détail. Il passa les deux jours qui suivirent à cou rir les bois et les plaines, sombre, sauvage et comme fou. H alla re voir froids, dépouillés et poignants à regarder, ces taillis, ces clos, ces chênaies, ces buissons qu’il avait admirés plein de soleil, de ver dure et d'harmonie joyeuse au temps d’été, quand le cœur de la douce fille chantait sous son regard. Ce fut une angoisse inarréablc ; il semblait qu’il la voulût telle, et plus forte encore, pour se conso ler un peu : il lui fallait à chaque heure une nouvelle torture pour le distraire, pour faire oublier à son imagination ce cadavre qu’il avait fait, pensait-il, el qui avait renfermé une intelligence el un cœur adorable. Lo surlendemain, de grand matin, il s’en alla au cimetière comme Pascaline le lui avait demandé 11 planta sur sa tombe quelques fleurs, quelques arbustes ; puis s’asseyant sur un tombeau voisin, il resta là, le Iront entre les mains, perdu dans ses tristesses, sans songer ni au froid, ni à la pluie, ni à tous ces paysans qui s’arrêtaient le long de 1» haie du cimetière en regardant railleusement ce bourgeois qui...
À propos
Journal d'informations et d'annonces généralistes, le Courrier de Bourges traitait des actualités politiques, agricoles, littéraires ou religieuses. Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptisa le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, après la chute du Second Empire, le journal devient le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu'à sa disparition en 1902, Le Messager du Cher.
En savoir plus Données de classification - borries
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