Extrait du journal

Feuilleton du Courrier de Bourges. — 27 novembre LE illAlîCH X!XI) non. TROISIÈME VOLUME. La nuit était venue ; les réverbères s’allumaient, les boutique s'éclairaient et le ciel se peuplai! d’étoiles. Jeanne, avec un soupir, avait encore jeté un regard autour d’elle, et, tenant à la main son éventaire, elle se disposait à partir. — J'espère qu’aujourd’hui vous ne ferez, pas comme hier, lui dit le Savoyard aux bouquets. — Ah ! c’est que je ne vous connaissais pas ! — Moi non plus : mais à votre parole, j’avais compris que vous étiez du pays. — Oui, on dit que j’ai un petit accent. — Vous descendez la rue du Temple, je crois? — C’est effectivement là te chemin que je prends. — Moi aussi. Comme cela se trouve ! — Vous demeurez peut-être par-là? — Non ; je vais souhaiter la tâte à ma tante qui habite dans la rue de la Verrerie. — Ah !... c’est un peu tard. Que voulez-vous ! c’est mon ouvrage qui m’a retenu jusqu’à prcseul. ... Jeanne avait quitté sa place ; elle s’etait mise en route et marchait côte à côte avec sa nouvelle connaissance. Ce que voyant les mar chandes d’oranges, de limonade et de sucre d’orge, s’entendirent pour déblatérer un peu sur le compte de 1a jolie fillette. Mais ça ne durera pas longtemps, l'ouvrage, continua l’inconnu. Ah ! tant pis !... C'est malheureux quand on chôme. — Oui, mais moi, ça m’est égal. Je chômerai toujours, j'ai fait un héritage. — Du pays? Oui, du pays. C'est une tante qui est morte ; on a tout vendu, èt* un notaire de Paris va me compter demain ce qui me revient. * Alors, je vous comprends. Vous retournez en Savoie?...