Extrait du journal

FANFRELUCHE. PASTEL. — (Suite.) Quinze jours après cette entrée triomphante, nous retrouvons Mme de Blot étendue sur un canapé d’étoffe de l’Inde, dans un pavillon situé au milieu du parc. Elle est en négligé de campagne, c’est-à-dire en déshabillé de taffetas vert tendre, avec des non pareilles violettes, ce qui allait admi rablement à son teint. Fanfreluche dormait à ses pieds, le chevalier de Milly se promenait de long en large, s’arrêtant de temps à autre comme un homme agité d’une conversation intéressante. La comtesse fermait les yeux à demi et ne répondait guère. — Mais, Madame, reprenait le jeune homme, que pouvez-vous répon dre à cela ? — Rien, Monsieur. — Comment, rien I — Absolument rien. —, Ainsi, peu vous importe? — Je ne m’en soucie nullement. — On vous aime, on est malheureux, on eu meurt de chagrin... — Et on se fait enterrer, oui, Monsieur. — El cela ne vous touche point? — En aucune façon. — Pourtant, Madame, on ne vous aurait point aimé ainsi malgré vous ; dès le premier jour il fallait parler de la sorte, il ne fallait pas attaquer, provoquer... — Peuh î fit-elle, avec une petite moue adorable, je n’y ai pas pris grand peine, vous y êtes bien venu tout seul. — Madame ! — Monsieur ? — C’est là une perfidie, une lâcheté ! c’est arrêter les gens sur le grand chemin......