Extrait du journal

MaMSTRATLUE et BARREAU parlementaires. XII. DU2ANTI. Pendant une froide nuit du mois de février 1589 deux hommes se dirigeaient silencieusement vers le pilori à travers les rues les plus disertes de la ville de Toulouse. Un cadavre nu et percé de coups y était attaché. En face, à un poteau, était suspendue une image lacérée et couverte de boue. Après une courte prière, les deux hommes s’approchèrent guidés par les rayons incertains que la lune projetait à travers des nuages de glace ; ils détachèrent le corps et jetèrent dessus la toile mutilée du portrait. Avant le jour, une messe des morts avait été dite mystérieusement dans l’église des Cordeliers. Sous une dalle, à côté du maître autel, une tombe avait été creusée, et le cadavre y avait été descendu. Tels furent les derniers honneurs rendus à Duranti, premier président du Parlement de Toulouse. Le portrait du roi Henri 111 était le linceul dans lequel l’enveloppèrent les mains d’un conseiller et d’un capitole. A la même heure une mitre cérémonie funèbre avait lieu secrètement à Saint-Antoine ; quelques amis faisaient inhumer les restes défigurés de i’avocat-général Daffis, assassiné dans la journée. Ces deux illustres magistrats étaient tombés victimes des fureurs populaires excitées par les ambitieuses influences et les fanatiques conseils des chefs de la Ligue. Un prêtre surtout avait joué un rôle actif dans ces drames horribles, c’était Urbain de Saint-Gelais, évêque de Comminges, qui venait d’échapper aux massacres de Blois , et dont la voix appelait sans cesse le peuple au meurtre et à la sédition....