Extrait du journal

de pétales pâlis ; mettons du rougè, du blanc, du vert, tout ce qui chauffe et anime ; assez dormi dans les corolles fermées. » Et puis, il ne faut pas oublier qu'qn nous attend dans Paris où on nous a peu vues dé l'hiver. Maintenant c'est notre mois. On compte sur nous. On ne devra pas penser : « Les fleurs sont en retard, ou bien elles sont moins belles, ou elles se font plus rares. » Il faut arriver plus nombreuses encore, afin que tous en aient, les grands et les petits, qu'on n'ait qu'à se pencher pour nous prendre, que chacun se dise en nous voyant venir : « Al lons, vous n'avez pas fait comme d'autres ; c'est gentil à vous ; bien travaillé, les fleurs. » Et ce langage qu'elles tiendront aujourd'hui à l'anniversaire de leurs premières grandes assises, les fleurs, les fleurs fidèles, le parle ront maintenant durant la semaine à venir. Elles se souviendront des engagements pris, de la promesse faite de fleurir largement, amplement, jusqu'au lointain automne. Etpour tous, à présent, il y aura des fleurs. On en verra aux plus pauvres boutonnières, aux fenêtres les plus déshéritées, à celles qui d'ha bitude les ignorent, que rarement égayé une corolle ou éclaire un rayon. Et peut-être pour celui qui songe y a-t-il une douceur à penser que la nature, sachant mieux que l'homme ce qu'elle fait, accrochera, en cette date de l'année, aux logis les moins favorisés, une verdure ou une fleur... Alexandre de Gabriac....