Extrait du journal

Est-il bien utile de publier un journal aujourd'hui, çiu moment ou les rues sont encofiîbrées par une foule compacte qui se presse sur le passage du bœuf gras, et ne vaudrait-il pas mieux jouer une fanfare que d'écrire un article? Si j'étais seulement de la force de M. Vivier, j'irais dans les cours de nos abonnés exécuter quelques morceaux choisis pour cor de chasse, ce qui serait la seule manière possible de me faire écouter en ce jour de folie païenne, où la foule suit le bœuf gras. Les plus enjoués-sont allés.à quatre heures du matin à la place de la Roquette dans l'espoir de voir tomber une tête avant de déjeuner. Il faut bien s'amuser un peu. De quoi voulez-vous que nous parlions, nous autres pauvres hères perdus dans la foule ? C'est à la bouche rie parisienne qu'il faut demander du nouveau pour le quart d'heure, car l'homme le mieux renseigné de Paris est M.-Fléchette, le fameux acquéreur des bœufs! gras, qui a eu depuis quarante-huit heures de nom breuses entrevues avec les plus illustres personnages de ce temps. Ali 1 si M. Fléchelle voulait faire des révélations, il éclipserait les correspondants de Y Indépendance belge et l'oracle du Camtitulipnnel-, car les portes de tous les ministères, de toutes les ambassades s'ouvrent comme par enchantement devant l'heureux propriétaire du bœuf gras, qui. à l'heure où nous mettons sous presse, r est attendu au Jockey-Club et chez M. de Rothschild. Je ne vois pas figurer la rue du Croissant sur le pro gramme, ce qui me fait supposer que le bœuf gras n'a5 pas l'intention d'offrir en passant à M. Havin une pièce de dix sous pour la statue de Voltaire....