Extrait du journal
M. Théodore Barrière a inauguré l'année dramatique qui vient de finir avec les Fausses bonnes femmes, et l'a close avec Cendrillon. On n'a épargné les critiques ni à son insuccès éclatant du mois de janvier, ni à sa réus site moins bruyante de la saint Sylvestre. C'est un fait que je tenais à constater en guise de préface. Madame Fontcnay, ayant perdu son mari de fort bonne heure, est restée avec deux petites filles à élever et à pour voir. Marie et Blanche ont grandi ensemble; elles ont re çu la même éducation dans la maison paternelle, et, aux yeux du monde, elles y sont entourées des mêmes soins affectueux et vigilants. Mais l'aînée des deux sœurs a tété le sein d'une mercenaire, tandis que la cadette a été nourrie par sa mère. Cédant à son insu au cri de ses entrailles doublement remuées, madame Fontenay réserve à Blan che ses caresses et ses baisers de chaque jour. Quant à Marie, placée sur la rive gauche de la maternité (je vous demande pardon pour cette ligure un peu forte), elle a de loin seulement, le spectacle d'une tendresse dont le flot inépuisable ne vient baigner son front et raffraichir son cœur qu'aux grands anniversaires de la famille. Pour tracer le caractère de cette mère, M. Théodore Barrière a pris le contre-pied du conte. Il n'est plus ques tion, dans ceite nouvelle variante de Cendrillon, d'un père sans esprit et d'une marâtre sans pitié. Madame Fon tenay ne se sait ni partiale ni injuste dans l'inégal par tage qu'elle fait de son affection. Son tort en ceci est d'ou blier toujours, en idolâtrant la cadette de ses deux tilles, que Blanche a dix-sept ans révolus, qu'elle va se marier, et qu'elle n'est plus l'enfant suspendu à son sein, un frêle roseau que le moindre souffle de vent courbe jusqu'à terre, une créature délicate qu'une indisposition passa gère peut faire mourir. C'est l'aveugle tendresse de la nourrice qui absorbe, chez madame Fontenay, le cœur de la mère. Pour cette dernière, je le répète, Marie seule a grandi, s'est transformée, et peut se passer, à l'avenir, loin des bras maternels, de cette sollicitude affectueuse...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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