Extrait du journal

Vous portez un de ces noms formidables qui autorisent les libertés du genre de celle que je prends aujourd'hui. On peut, sans crainte de blesser de vulgaires convenances? vous écrire à travers le public. En France, où l'on finit par tout savoir, quand on ne commence pas par là, on sait jusqu'à quel point vous êtes associée depuis longtemps au génie et à lar-gloire de l'auteur de la Comédie humaine. Le public ne saurait donc être de trop dans les réflexions que je crois nécessaire de vous soumettre le plus respectueusement possible. C'est un étonnement, mêlé de chagrin, qui me met la plume entre les doigts. Etonnement et chagrin, voilà plus de dix ans que je les con tiens ; vous comprendrez donc que je me détermine aujour d'hui à écrire. Je me trouvais cc matin, comme la moitié de Paris , au ci metière du Père La Chaise. J'y élais venu honorer les morts inconnus et les morts glorieux. Arrivé devant la tombe de vo ire illustre époux; madame, je m'arrêtai. Je compris que ma douleur ne pouvait aller ni plus loin ni plus haut. Douze ans (est-ce bien possible !) ont passé sur la mort du grand historien des mœurs de la Restauration et du règne de de Louii-Philippe. Et, depuis ces douze ans, la France attend encore une édition complète de ses œuvres. Je.ne parle pas des œuvres manuscrites , sur lesquelles je n'ai aucun renseignement ; je parle des œuvres imprimées....