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Le Figaro, 6 septembre 1866

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Le Figaro
6 septembre 1866


Extrait du journal

mangé chez eux, et, pour sûr, ce pain me crèverait l'estomac, si de mon fait à mes anciens maîtres malheur jamais pouvait advenir. Ah 1 mon sieur, quelle terrible corde qu'un bienfait rendu 1 comme ça vous lie bras, jambes, et puis la tête avec ! Perdu en ces réflexions, au fond desquelles était peut-être bien un demeurant d'amitié pour Frédéry, ne me souviens combien de temps je restai debout sous le micocoulier, indécis, troublé, comme un homme qui, ayant pris place à votre table, ne sait que faire, s'il mordra premier à votre miche ou boira premier votre vin. Moi mordais tantôt à Félice, tantôt à Frédéry. Et croyez-vous Frédéry être plus dur à ma dent que cette Hospitalière? Point. Aux retours faits vers l'enfance est un tel plaisir, que tout •y est doux et savoureux à se lécher les lèvres comme après la fête du saint Patron. Quand je vous disais, monsieur, que l'âme mange à l'égal du corps ! Par malheur, se "compose son repas plus souvent de chagrin que de contentement. Du reste, l'Évangile à la main, M. Alquier nous a prouve qu'étant venus dans une vallée de larmes, nous y sommes pour pleurer et non pour rire, et, pleurant, nous faisons notre métier sous l'œil de Dieu, qui tant plus nous aurons souffert par ici-bas, tant plus nous ré compensera par là-haut... Nous verrons ça un jour. A la prime, nous avions gardé tous trois les chèvres ensemble, en semble soigné les chevreaux, trait les mères sur la montagne, et, nos trois bouches collées au bord de la môme seille, bu le lait des plus jeunes, lait merveilleusement léger à l'estomac et merveilleusement blanc à l'œil. Et puis quelles courses sous les noisetiers des Fontinettes ! quelles folàtreries divines en tous lieux de ce pays!... L'été, on se couchait tous trois sous un grand néflier près de Saure-Plaine, et, là, à l'ombre fraîche de l'arbre, tandis que nos bêtes abandonnées à la garde du bouc, rumi naient les quatre pattes repliées sur le sol, quels embrassements et quelles...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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