Extrait du journal
Ce M. de Roncourt, que je viens de nommer, est la figure austère de la Question d'argent. Il forme le second terme d'une antithèse sociale : patricien tombé volontairement dans la pauvreté, il sert de repoussoir à la figure principale, celle de Jean Giraud, le plébéien enrichi à tout prix, le fils de jardinier devenu plusieurs fois millionnaire. Le vieillard avait un frère qui s'était jeté dans l'industrie et qui est mort insolvable. Solidaire d'un nom jusque-là sans tache, il n'a pas voulu permettre qu'un Roncourt fût déshonoré comme un-obscur failli. Afin d'acquitter les dettes de ce frère, il a donné sans hésitation, outre sa fortune, celle de sa fille Elisa, -dont il n'avait pas le droit de disposer, même pour cette no ble action. Ces sortes de dévouements, exceptionnels, pour ne pas dire introuvables dans la réalité, sont devenus un lieu commun au théâtre: pourquoi? Parce qu'au théâtre, l'homme peut s'abandonner sans péril à la générosité de son cœur. Ce qu'il a devant les yeux n'est rien qu'une fiction, et il s'en souvient surtout lorsqu'il semble le plus l'oublier. Il ne craint pointde tomber, par suite d'un élan chevaleresque, dans quelque embuscade de la vie militante ; comme le soir dat après la bataille, il va laisser dormir son, intérêt,— ce fusil chargé qui sert à sa défense et à ses conquêtes de cha que jour. A quoi bon en armer .la détente et viser les bons instincts de l'âme qui, en ce moment, ne lui masquent pas le but, c'est-à-dire la fortune? A quoi bon tirer sa poudre dans les cieux du rêve? Il en aura besoin, en sortant, pour bourrer jusqu'à la gueule quelque bonne gredinerie qui doit -lui servir demain. —On a dit que le théâtre- était une école de moralité : on a eu raison, du moins dans le sens que je viens d'indiquer ici. Mais je reviens à M. do Roncourt. , Çest une figure bien posée d'abord que çell<; de ce.gentil-...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
En savoir plus Données de classification - b. jouvin
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