Extrait du journal
C'est, de nos jours, un moyen répandu de se soustraire à la justice ou tout au moins de l'essayer. Les prévenus qui ont recours à ce singulier moyen de défense espèrent, j'imagine, de susciter pour leur personne un mouvement dé sympathie et, qui sait ? d'attendrir les juges. N'est-ce point quelque chose de grand comme l'antique, cette volonté de préférèr l'anéantissement au déshonneur d'une con damnation probable ? L'usage est excellent de décider, en pareille occurrence, le transfèrement du maladç — car on est fort malade après- quelques jours d'un tei jeûne — dans un service d'hôpital. Or, 'l'Hôpital dispose d'un moyen, couramment employé dans nos maisons de santé, pour s'oppose» aux inconvénients graves du refus d'aliments, fré quent parmi les malades mentaux. C'est le gavage par la voie buccale si c'est possible, par le nez si l'on ne peut obtenir que le patient ouvre la bouche. Nos spécialistes, entraînés depuis long temps à la manœuvre, savent le mieux du monde introduire par une narine une sonde de caout chouc souple et robuste : l'extrémité de cette sonde, enduite de vaseline, glisse le long de la paroi pos térieure du pharynx, pénètre dans l'œsophage, puis dans la cavité gastrique. Un aide tient en main un pot d'un litre ou de 1.500 grammes con tenant du lait tiède, deux œufs crus, du jus de viande ou des peptones et verse lentement ce mé lange très nourrissant dans l'entonnoir placé à l'extrémité libre du tube. On peut ainsi nourrir, très confortablement, des sujets résolus à se laisser mourir de faim. Seulement, pour que cette petite intervention réussisse, il importe que le sujet soit maintenu et ne puisse pas arracher la sonde tan dis qu'on cherche à l'introduire. Aussi bien est-il sage de le maintenir en lui passant le maillot à manches, la camisole qui, sans blesser le moins du monde, immobilise pour un moment. Attentat a la liberté individuelle ? Crime de lèsemajeste humaine ? Voilà de bien gros mots pour de pauvres malades qui n'ont rien de majestueux, le me lecins aliéniStes estiment que leur.devoir est de recourir à l'internement pour tout malade en imminence de donner la mort à autrui ou à lui-taême, ctfhomieide ou: de suicide. rLa-grèye de la faim est line tentative obstinée de suicide. L'in ternement peut donc être tenu pour légitime et le gavage aussi. C'est là, je crois, l'opinion de la plupart des médecins. Qu'en disent les juristes ? Estiment-ils que de vouloir mourir (par désespoir ou peut-être par ruse) puisse être assimilé à un état d'aliénation mentale et traité comme tel ? Je dis par ruse, car la grève de la faim a été plus d'une fois pratiquée par de bons mythomanes, enchantés d'occuper l'attention publique de leurs exploits ; certains ont assez d'optimisme pour se représenter qu'ils sauront s'arrêter à temps, qu'ils ne franchiront pas les portes de la mort et qui se trompent dans leurs calculs. Dr Horace Bianchon....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
En savoir plus Données de classification - vincent auriol
- anvers
- albert i
- yous
- gouraud
- bergeret
- viollette
- riquet
- gaétan san
- nore
- belgique
- france
- tarn
- paris
- certes
- l'escaut
- algérie
- sancy
- cantal
- sor
- sénat
- l'arabe
- conférence navale
- autrement dit
- journal officiel