Extrait du journal
Dès artistes de grand talent subissent,, en ces années de crise, les tortures de la misère; certains sont inscrits sur les listes de secours aux chômeurs, d'autres abandonnent pinceau, ciseau ou burin pour prendre un emploi quel conque, le plus grand nombre disparait dans l'océan parisien, et ceux-là'on ne les reverra jamais. Beaucoup de personnes charitables se sont employées à soulager la détresse des artistes. Mais l'artiste-né a l'âme fière; il ne veut pas être secouru, il . veut vivre de son art, et cela est légitime. ' Le peintre Jean Marchand, qui connaît les souffrances morales de ses camarades, • a eu L'idée excellente d'intéresser au sort des artistes les commerçants qui auraient l'intention de participer à ce Concours des enseignés dont nbus avons déjà parlé, dû à l'initiative de M, Pierre Darras, directeur des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Le généreux appel de Jean Marchand sera-t-il entendu, et les boutiquiers, de nombreux boutiquiers, passeront-ils com mande aux peintres et aux sculpteurs victimes d'une crise dont ils sont moins que tous "autres responsables ? Ce , serait là pratiquer bien élégamment la bienfaisance. Il n'y a, certes, aucune incompatibilité entre le grand art et la décoration populaire,, au con traire; dans le temps où la rue était un musée vivant, des artistes éminents n'ont point cru déchoir en peignant des panneaux pour le mar chand de vins ou le charcutier.' Reste seulement à savoir, si les commerçants imbus d'esprit moderne consentiront à orner leurs boutiques et leurs éventaires, leurs maga sins aux luxueuses vitrines de • ces motifs sculptés et de ces anecdotes picturales qui attiraient autrefois le chaland. ■Dans le moment même où-l'on se^-nourrit d'un rétrospectif vieillot, rococo et d'ailleurs charmant, où la mode, autant, que l'industrie du'bibelot, empruntent ,aux époques, passées leurs tournures, leurs. aspects, leurs savantes et. naïves expressions, les Barbares prennent brutalement leur revanche," et si ces Barbares tiennent commerce, ils.ne veulent voir, au fron-, tispice de leurs maisons,' que schémas métal liques et devises stridentes. L'enseigne parlée, et parlée en quelle langue ! — Solidépratic, Kisuspa, Supersold — a tué l'enseigne par lante. L'enseigne lumineuse a vaincu l'enseigne peinte ou sculptée. Il n'est donc d'espoir qu'en une renaissance du bon goût. D'antiques enseignes subsistent, qui serviront, souhaitons-le, d'exemple. Mais il serait pourtant dangereux de pasti cher le passé et de reconstituer un faux vieux Paris. Les artistes qui ressusciteront l'enseigne devront tenir compte des acquisitions rétentes, et si l'éclairage électrique est nécessaire,, qu'ils l'utilisent. On attend tout de-leur esprit et de leur valeur. L'art de ' l'enseigne, comme tout art, doit être national, original, vivant et jeune. . Marius Boisson....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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