Extrait du journal

Il vient de se produire, au barreau de Paris, un incident qui intéresse l'indé pendance et la dignité de.toute la presse. Notre collaborateur M. Albert Bataille, ayant prêté le serment d'avocat devant la Cour d'appel, avait sollicité son ins cription au stage. Un rapporteur, l'honorable M* Le Berquier, avait été nommé et concluait na turellement à son admission. . Plusieurs membres du' Conseil de l'ordre sont alors intervenus. Ils ont re proché amèrement à notre confrère d'à.voir quelquefois discuté leur talent et apprécié leurs plaidoiries avec trop peu . d'enthousiasme. L'ajournement de la discussion au mois de novembre a "été ensuite pro noncé. Nous ne voulons pas croire que ce soit pour permettre à M. Albert Ba taille de trouver, dans l'intervalle, une valeur oratoire à ceux des membres du Conseil qui ont exposé avec tant de dé pit leurs petites rancunes. Notre collaborateur n'a pas cru devoir accepter de faire antichambre. Il a re tiré sa demande et adressé à M. Oscar Falateuf, bâtonnier de l'Ordre, la lettre suivante : Monsieur le bâtonnier, J'ai l'honneur de vous informer que je re tire ma demande d'admission au stage. J'ai appris que plusieurs de vos confrères, qui ont autant de mémoire que de talent, me reprochent d'avoir apprécié comme il m'a plu leurs plaidoiries, et prétendent sans doute m'imposer .pour l'avenir une ligne de conduite si Je deviens membre du barreau de Paris. . De pareils marchandnges ne sont pas com patibles avec ma dignité, Au nom de la presse judiciaire de toutes nuances, je proteste contre tout ce qui res semblerait à un empiétement du barreau sur nos droits, et je vous prie de remercier vos confrères d'avoir soulevé un incident qui me montre sous quelle dépendance j'allais me placer. Comme avocats, vous nous appartenez. Vos plaidoiries peuvent être louées ou sévè rement blâmées comme toutes les paroles prononcées en public. i