Extrait du journal

étaient difficilement vérifiables. Les imaginations policières vagabondaient ; et ce vagabondage les mettait en chas se sur Ja piste, exacte ou fantaisiste, d'évêques réels ou supposés. Peu à peu, le nombre des prêtres catholiques mis aux arrêts de rigueur se multipliait. « Cela va donner du travail au Guépéou », continuent de dire les leaders des Soviets quand un prêtre se fait re marquer par son activité d'apôtre. Qu'est-ce à dire ! et que devient la con signe d'épargner le sentiment religieux des fidèles ? La consigne, en fait, est littéralement observée, et nous pouvons ajouter que les applications sont con formes à l'esprit même qui l'inspirait ; on condamne ce prêtre, mais c'est com me ennemi de l'Etat ; et sous la même inculpation les laïcs qui, pour lui, sont de trop zélés collaborateurs sont à leur tour poursuivis. De fallacieux griefs politiques sont soudainement articulés: rien ne permet tait de les prévoir; dans le silence de la nuit, ces accusations viennent arracher le prêtre à son lit ; discrètement, en plein jour, elles le saisissent en pleine rue et le glissent dans une automobile qui l'emmène au Guépéou. Quelques heures plus tard, les fidèles cherchent leur prêtre, et ne le trouvent plus; pour longtemps, peut-être, il est devenu invi sible : et si d'aventure il est élargi, il doit, sous la menace de graves châti ments, garder le secret de son trop long tête-à-tête avec les agents du Guépéou....