Extrait du journal

Monsieur, - ' Au fond de la retraite où, depuis la perte de mon bien aimé oncle Javert, je me suis confiné pour travailler, dans l'ombre du mystère et le calme de la conscience, à mes Mémoires de sept générations d'agents de police, le vent apporte encore jusqu'à moi quelques bruits de ce monde auquel j'ai dit adieu. Bien que la fin prématurée, mais providentielle, de ce digne homme, ait rompu la tradition qui enchaînait fatalement ma famille à la brigade de sûreté, cependant je me passe encore la fantaisie de faire de temps en temps de l'observation en ama teur. C'est une lubie de ce genre qui m'a conduit ces jours der niers à Bruxelles, où les éditeurs belges (savez-vous) de l'auteur des Misérables convoquaient lés plus fervents apôtres de la presse hugolâtre à venir adorer le DIEU sous les espèces du pain et du vin, en d'autres termes, à gueuletonner en l'hon neur de M. Victor Hugo. Inutile de vous révéler les trucs ingénieux à l'aide desquels je suis parvenu à me faufiler dans la place. Je ne suis point assez Canler pour trahir lâchement les secrets du métier. Ces secrets, je les tiens de l'héritage de mon pauvre oncle. Ils...