Extrait du journal

La mort est rarement le résultat de la vieillesse seule. Chez ceux qui vivent le plus longtemps, quelque maladie se développe ordinairement, qui porte la cognée à la racine de l'arbre ; mais il arrive aussi que le corps s'use de lui-même, et, sans maladie ni douleur, s'affaisse par un dépérissement insensible. Tous les vieillards éprouvent, plus ou moins, cet effet de l'âge! Les organes ont moins de vitalité, les fonctions moins d'énergie ; la vue s'obscurcit, l'ouïe devient dure, le toucher perd sa délicatesse, et, sans indisposition locale ni désordre dans l'économie générale, il est évident qùe la vie se retire. Les vieillards sont souvent indolents par tempéra ment ; ils. sont lents dans leurs mouvements par nécessité physique : la rigidité des ligaments, la faiblesse des mus cles, ôtent à leurs membres la souplesse qu'ils avaient au trefois. Bentley avait coutume de dire qu'il était comme sa vieille malle de voyage, qui tenait encore pourvu qu'on n'y touchât pas, mais qu'elle tomberait bien vite en pièces si elle était exposée de nouveaux aux cahots et aux chocs d'autre fois. Lord Chesterfield, dans sa décrépitude, ne pouvait suppor ter le mouvement rapide d'une .voiture, et lorsqu'il allait faire une promenade en carrosse, il. disait, faisant allusion à la lenteur avec laquelle marchaient ses chevaux : — Je vais à la répétition de mon enterrement. Ce mot prouve, parmi une foule d'autres, que son esprit...