Extrait du journal

A ce volumineux dossier, j'ai eu le triste avantage, depuis dix ans, de verser les pièces les plus accablantes pour la mémoire du tribun. Je l'ai convaincu des pires aberrations de l'esprit, du cœur et des sens, non par les seules plaintes ou confidences de ses victimes, mais par ses propres aveux. Imposteur, suborneur, parjure, inceste et parricide d'intention ou de fait; il a signé presque tous ses crimes. Quelle vie affreuse quelles misères! 1 Mais était-ce donc là Mirabeau ?. Dieu merci, ce n'était pas lui tout entier et peutêtre ai-je réussi à démontrer que tant de vices rassemblés en lui n'étaient que ses bourreaux. Dans sa prodigieuse complexion physique et morale, c'était là sa part, également excessive, de la corruption inhérente à -toute créature humaine, à la fois semonce deitlftî et levain do vertus, dont l'influence le dominait bien plutôt qu'il n'en était le maître. Il y avait, au dire de son père qui l'avait si bien observé, une « portion débile » dans son caractère si durement trempé. « II joue la fougue comme il la subit », disait encore le marquis de Mirabeau. Il eût pu, et il eût dû, en dire autant de sa perversité tout entière....