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Le Fin de siècle, 13 octobre 1895

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Le Fin de siècle
13 octobre 1895


Extrait du journal

Voilà un bien gros mot. C’est un de ces vocables qu’une plume académique, comme la mienne prétend l’être, ne se décide qu’avec peine à confier au papier immaculé. Il semble qu’il faille en laisser l'usage aux seuls faiseurs de statistiques et aux moralistes éplorés qui passent leur temps à gémir sur les plaies sociales. Pour ma part, je n’eusse jamais osé le pronon cer > ma vénérable amie l’Aïeule ne l’eût impi imé tout vif. ici-même. La prostituée est la femme qui se vend. Il y a des tas choses qu’il est permis voire même honorable — de vendre, et le commerce est une des carrières les plus avantageuses et les plus justement lionoré" s. Un bon père de famille est très heu ri-ux et très fier quand son fils vient lui dire : Papa, j’ai l’intention de m’établir... « achète, avec les deniers que tu vas — m'avancer, un stock considérable de rai " -dns secs dont le jus rougi à point par <■ une sage addition de fueshine consti« tuera un vin peut-être pas très bon, " mais que je vendrai très cher. Cette p< < iite opération me permettra de doubler rapidement le capital que tu vas me prê ter... Tu vois que ton fils est sérieux. » Ht le bon papa avance l’argent demandé. Si le fils est sérieux, s’il a autant de chance qu’il a montré d’intelligence, s’il vend bien, en un mot, son vin de raisins secs, il arrive très vite à la position la plus bril lante: on l'honore; on le décorera certai nement un jour; il est la joie et l’orgueil de sa famille. Mais supposez, maintenant, que ce soit la tille, au lieu du fils, qui vienne tenir à son papa un discours dans ce genre : « Papa, j’ai envie de faire fortune ; je « me sens née pour le commerce ; je vais « m’établir... Pour cela je n’ai nullement besoin que tu sortes de tes armoires des « économies péniblement amassées, le « seul capital nécessaire au commerce que « je veux entreprendre m’ayant été donné « par maman et toi, le jour où vous jetâtes, " de concert, les bases de ce très beau « morceau d’architecture qu’est devenue " votre fille .. » Kti bien t il y a gros à parier que le père

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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