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Le Fin de siècle, 28 novembre 1897

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Le Fin de siècle
28 novembre 1897


Extrait du journal

enchantées durant lesquelles, hypno tisé, vous avez cru la prendre dans vos liras musclés, vous avez cru plier ses reins et mordre à sa bouche empour prée, avec une frénétique joie. Un jour, si vous avez le bonheur de savourer la récompense, elle vous sera d'autant plus chère et voluptueuse que vous aurez à bénir votre constance. Et si l'on vous refuse tout, vous aurez en core la consolation de n’avoir rien fait jamais qui ait pu vous condamner dans son estime. La fièvre causée par l’envie d’aimer charnellement est un mal nécessaire à l’homme aussi bien qu'à la femme. Car il ne faut point ignorer, chers lecteurs, que vous n’ètes pas seuls à ne pas réa liser et satisfaire vos désirs. Et je crois même que la femme, par pudeur ou par dignité, souffre dans sa chair infi niment plus que l'homme. Allez, les chances de joies sont éga lement partagées entre les sexes. Vous osez tout, hommes : une femme ne peut rien oser; à peine peut-elle provoquer une déclaration sans courir le risque d'être sévèrement jugée, et surtout par celui vis-à-vis duquel elle se compromet. Et puis, elle sait que l'homme est souvent un ingrat, un égoïste et un méchant qui ne craint plus de blesser le cœur quand on lui a offert le corps. Pour être bon, il faut que l’homme ait subi les tourments de l’attente, il est nécessaire qu’il ait supplié longtemps, il ne lui faut point de conquêtes faciles, à moins qu'il n’ait su prouver qu il ne ment pas lorsqu’il dit : « Je vous aime. » En ce cas, chères lectrices, vite, soyez compatissantes et généreuses; si vous sentez, si vous voyez, si vous êtes per suadées que celui qui souffre, implore, espère, pleure, en tendant vers vous ses lèvres suppliantes; si rien, dans ses moindres actions, ne dément sa passion ; si vous avez lu dans sa physionomie, dans ses yeux, sur sa bouche, que vous êtes toute sa joie future et toute ses démences, oh! je vous en prie, pour celui-là, soyez bonnes, ouvrez-lui vos bras, et laissez votre cœur obéir à tout ce qu’il possède de miséricorde et de clémence. Victorien du SAUSSAY....

À propos

Fondé fin 1890 par François Mainguy et René Émery, Le Fin de siècle était un journal mondain bihebdomadaire. Lorsqu’il paraît, il sort immédiatement de la masse en vertu de son style badin et de l’érotisme à peine voilé de ses dessins. En 1893, son « bal Fin de siècle » fait scandale à cause de la tenue très légère de certaines de ses convives. Quelques années plus tard, en 1909, le journal devient Le Nouveau Siècle. Il disparaît en 1910.

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