Extrait du journal

du Grand Roi En France, nous. avons peu le goût des biographies. Les Anglais, eux,, en sont férus. Lisez leurs annonces de librairie,- vous verrez qu'il ne se passe guère de semaine où ne»paraisse quelque étude importante sur la vie d'un homme qui, dans le passé ou. le présent, et 'dans' quelque ordre que ce soit, littéraire, scientifique ou politique, a marqué dans l'histoire, britannique. Cet attrait de nos voisins pour tout ce qui est mémoires, correspondances, études, si, l'on peut dire,-d'après le modèle vivant, caractérise très fortement la. mentalité anglaise. Il me semble qu'il faut voir dans cet attrait le fait d'esprits qui ne se contentent pas de la pure fiction, mais qui demandent à la littérature quelque chose de plus substantiel d'esprits qui ont la vénération de leurs grands hommes et qui aiment appuyer leur rêverie sur la connaissance des éonditions où se développe, le talent ou le génie. Chez nous,-ce goût des biographies existe '-peine. Sommes-nous plus superficiels ? Avons-nous, dans le cœur, moins de vénération, moins de mémoire ? Je ne sais mais je serais tenté de le croire en voyant le silence qui accueille le très beau livre que M. Daniel Halévy vient de consacrer à Vauban. Ce volume a paru depuis plusieurs semainefs déjà, et je ne pense pas que, jusqu'ici, la presse l'ait beaucoup signale au Public..Et. c'est dommage. Une telle oeuvre mérite d'être répandue. Elle orne l'esprit et le oœur....