Extrait du journal

A ce professionnel de l'armée, à ce combattant de fa veille que les élections de. 1919 ont fait entrer à la Chambre, j'avais été curieux de demander quelle impression lui avait laissée son premier contact avecAes milieux parlementaires ; et aussi t'avais prétendu savoir quel jugement, il portait sur l'œuvre accom plie par rassemblée dont il a fait partie. prince Murât ne fit pas difficulté de répondre à mes questions. Le Parle ment ne lui a pas semblé offrir cette médiocrité intellectuelle et morale qu'on se hâte si souvent de lui reprocher. Et mon interlocuteur résumait ainsi sa fa çon de voir : La moyenne de la Chambre, au point de vue intellectuel, est supérieure à. la moyenne du pays. Entre ce qui avait été 'désiré et promis ?n 1919 et ce qui a été réalisé, l'écart ipeut paraître assez grand, et il y a place là pour bien des déceptions, des mé comptes, des amertumes. Le prince Joa chim. Murât était-il tenté de se montrer sévère dans le jugement porté sur ce passé si récent? Il n'en laissa rien voir ; et; c'est tout au plus s'il me fut possible de deviner en lui quelques regrets. Que l'admirable bonne volonté de la majorité n'ait pu donner tout ce qu'on était en droit d'en espérer, le député du Lot. ne le conteste pas, mais l'explique, grâce à l'expérience .de ces c/uâtre années de lé gislature : La psychologie même des Parle ments, leurs habitudes d'esprit, leurs procédés de travail sont venus trop sou vent réduire à l'impuissance le désir de bien faire de nos députés, ou tout le moins entraver un patriotisme qui ne demandait qu'à être actif. Et il ajoutait la plus juste des ré flexions. Dans la Chambre, telle qu'elfe fonctionne, le seul travail qui donne des résultats immédiats, positifs, c'est « le travail de la politique »... Or, les élé ments nouveaux de la Chambre élue en 1919 ont laissé le champ libre aux arti fices des politiciens d'avant guerre. Des anciens ont pu profiter de ses inexpériences et de ses dédains : ainsi cette assemblée, qui était supérieure moralement à ses aînées, s'est laissé ma nœuvre» pour n'avoir pas voulu ni su faire de politique....