Extrait du journal

Tout récemment, dans l'hiver de 1909-1910, l'Université de Bordeaux a installé à Madrid une Ecole des Hautes Etudes hispaniques, une jeune sœur de nos Ecoles d'Athènes, de Rome et de Florence, autour de laquelle se groupent, sous la présidence de M. Pierre Paris, de jeunes érudits français dont la curiosité se disperse sur l'archéologie, la littérature, les arts, sur toutes les formes les plus variées de la pensée et du sentiment espagnols. En même temps, on envoie à Madrid, pour des fins plus modestes et particulièrement pour étudier la langue et les dialectes, des étudiants qui parcourent le pays sous la direction de M. Mérimée. Erudits et étudiants, ce sont les uns et les autres des pèlerins. Toute l'année ils circulent. Et ceux qui ont voyagé en Espagne savent ce que ce mot signifie I Il faut avoir, comme on dit, de l'estomac, et ne pas tenir au confort. Dès qu'on a quitté les grandes villes et leurs hôtels, il faut gîter dans des auberges qui n'ont pas changé depuis le temps de Don Quichotte, et, dès que l'on s'écarte des voies ferrées, ce sont les longues courses à cheval et à mulet 2t les interminables randonnées dans ces diligences archaïques qu'on ne trouve même plus chez nous dans les cantons les plus reculés de la Bretagne. Courses fatigantes, mais qui ont toujours eu un prix infini pour les savants et les artistes j'en atteste les mânes de Buchon, de François Lenormant et de Prosper Mérimée....