Extrait du journal
Samedi dernier, notre « Supplément littéraire » publiait deux poèmes inédits qui, sous une forme concentrée, donnaient une forte impression d'Orient. Leur auteur est un de ces étrangers de haute culture qui, pour faire œuvre littéraire, ont choisi notre langue: M. M. Khaïry a écrit quatre recueils de.vers, de vers français, qu'une grande maison d'édition parisienne a fait simul tanément paraître hier. i! y a ainsi, de par le monde, un certain nombre de fils intellectuels de la France. Tout en gardant une nationalité à laquelle ils tiennent pour les plus naturelles raisons de tradition et de sentiment, ils ont voulu obtenir pour leur esprit en quelque sorte des lettres de naturali sation. J'estime que cette prédilection, si flafteuse pour nous, mériterait d'être plus remarquée. Trop souvent nous acceptons cette généreuse offrande d'une intelligence et d'un talent comme un hom mage tout naturellement dû à la beauté de notre littérature. Dans un temps où la France a si grand intérêt à dénombrer ses amis, nous devrions nous inté resser davantage aux écrivains de race étrangère qui usent de notre doux langage. Quelque jour, notre journal leur consacrera une étude. Notam ment, nous essaierons de montrer l'intérêt et l'importance de cette pléiade de littérateurs dont les vivaces efforts ont su greffer sur les bords du Nil un rameau du génie gaulois. De ces jeunes écrivains égyptiens, M. Khaïry est un des plus en vue et des plus appréciés, un de ceux dont le tempérament d'écrivain paraît Je mieux trempé. Fils de l'un des hauts fonction naires de la Cour du Sultan Hussein, il a été dès l'enfance initié à notre langue et à notre littérature. Auprès d'un précepteur français, chez les Pères Jésuites du Caire, et ensuite dans les universités de cette ville, il a acquis, en même temps qu'un solide et varié bagage de connais sances, l'amour de nos grands écrivains; et, dès dix-huit ans, il r.niait selon Victor Hugo et Leconte de Lisle. Mais on ne lui avait pas enseigné le mépris de l'Orient. 11 avait été également imprégné de cette culture qui était pour les siens et pour lui un héritage sacré, et il connaît à merveille les auteurs musulmans, qu'il lit dans le texte arabe. Si l'on ajoute que M. Khaïry a beaucoup voyagé, qu'il s'est vive ment intéresé aux grandes questions de son temps et à l'avenir de l'Egypte, si l'on indique que ce poète a un culte très averti pour la musique, qu'on lui doit des essais en prose sur cet art et qu'il est membre du comité du Conservatoire du Caire, on en aura assez dit pour faire comprendre combien en lui les influences de race et de culture sont complexes. Mais ii convient d'ajouter que ia forte person nalité du poète a su rendre harmonieux et séduisant cet original • mélange....
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
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