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Le Gaulois, 5 février 1928

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Le Gaulois
5 février 1928


Extrait du journal

| Au quartier des Célestins, hier, deux heu res de l'après-midi. Quatre compagnies et deux escadrons de la garde républicaine sont massés, groupant dans la vaste cour un carré sombre, mais que rehaussent l'éclat des cimiers, les plu mets bleu et rouge des shakos, la blancheur des buffletteries. Le colonel Adolphe Miquel, colonel de la Garde, atteint par la limite d'âge, va faire ses adieux à la Légion. Les officiers et les hommes sont en grande tenue, mais non en grande tenue de service. L'infanterie a revêtu la petite capote, les ca valiers n'ont ni les gants à crispin ni la culotte blanche dés jours de gala. La parade y gagne en familiarité émouvante, en beauté plus purement militaire. Face au front des troupes, à droite de l'entrée dé la caserne, la musique fameuse est rangée. La sonnerie Aux champs ! retentit, puis la Marseillaise, saluant l'arrivée du colonel Miquel, qui, suivi de deux capitaines appar tenant à son état-major, arrive au grand trot. Il maîtrise son cheval noir et passe lente ment la revue de ses deux régiments, pour la dernière fois... Les gardes à pied alignent au premier plan l'épaisseur de leurs rangs impeccables, rigides, présentant le fusil, et, derrière eux, une triple ligne de cavaliers grandit le for/d du décor, la poignée du sabre nu à hauteur des jugulaires. ... Présentation du drapeau et de l'éten dard, aux accents alternés des clairons et des tambours, puis des trompettes, et, devant les deux emblèmes, les troupes défilent, au rythme de Samhre-et-Meuse, par colonnes de sections et par pelotons... Le visage tendu vers les soies tricolores, les hommes passent, chaque officier abaisse son épée pour un dou ble salut : aux symboles qui demeurent et au chef qui s'en "vaRemise de décorations, et, enfin, face aux formations reconstituées, le colonel Miquel, seul au milieu de la cour, commande : « Re pos ! » Un grand silence s'installe. Le com mandant suprême de la Légion a vraiment mâle allure, bien campé sur sa selle à bandes d'or, son visage brun de fils du Quercy haut levé sous le casque à crinière. Et il lit son ordre du jour d'adieu : « Officiers, gradés et gardes répu blicains, » 11 y a deux ans, le commandement de la Légion de la garde républicaine de Paris m'était confié. Déjà parmi vous depuis la fin de la guerre, comme chef d'escadron-major, puis comme lieutenant-colonel, je vous con naissais, et je vous disais ma fierté d'être à votre tête. » Aujourd'hui, de ce poste que je vais quit ter, et où j'ai pu vérifier votre valeur, qui est à la base de la confiance que le pays vous accorde, je vous adresse mes plus vifs remer ciements pour la satisfaction profonde que je vous dois, et dont je conserverai un inaltéra ble souvenir. » En observateur et, au milieu de vous, en chef qui dirige et soutient les efforts, j'ai assisté au vaste mouvement d'évolution so ciale qui a commencé avec l'après-guerre. Par la sollicitude dont vots êtes l'objet et par la souplesse de vos volontés, vous avez échappé à toutes les crises de déviations. » La garde républicaine dont la très haute mission est d'assurer le maintien de l'ordre èt le respect de la loi donne encore, par le développement de ses œuvres d'entr'aide, par son esprit de solidarité qui s'allie aux conceptions élevées que chacun de vous a de tous ses devoirs : professionnels, fami liaux et sociaux, en même temps qu'un bel exemple, ce témoignage que le progrès est possible dans la légalité. > Pour ma part, je me suis constamment préoccupé, —■ vous le savez, avec une volonté attentive et persévérante, de votre mieux-être matériel et moral ; et j'ai eu sans cesse le souci de faire régner parmi vous l'esprit d'équité. » Atteint par la limite d'âge, je salue le drapeau et l'étendard des deux régiments de la Légion, et je vous demande, mes amis, de voir toujours, dans ces sublimes symboles de la patrie, les forces du devoir qui vous feront vivre et servir, avec diginité, pour l'épanouis sement progressif et ordonné de la Républi que. j> Vive la France ! »...

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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