Extrait du journal

N'est-ce point un pays de rêve Que ce pays dont nous parlons, Et n'entendons-nous que s'élève Un murmure de violons ? Ne sentons-nous flotter une douce musique Qui lentement nous porte au royaume lointain, Où l'on voit le soleil s'ouvrir dans le matin Comme une rose magnifique ? Pays dont nous rêvions quand nous étions [enfants! Nous pensfons qu'y paissaient des troupeaux [d'éléphants, j Qui portaient au cou des clochettes. Nous nous trompions peut-être, et le rêve [était doux ; Et ces beaux éléphants se mettaient à genoux, Et leur trompe, au dîner, nous passaient les [fourchettes. Nous rêvions. Que de fois jna main coloria D'un trait bleu l'Amou-Daria, Sur l'atlas que j'avais en classe ! Bleu, c'est couleur du paradis. Nos atlas, où sont-ils partis ? Mais le bleu du cœur ne s'efface. Et l'on nous dit encor que Votre Majesté Chérit les bosquets verts, délices de l'été, Et qu'Elle détourne les fleuves Pour que l'onde murmure en abreuvant les bois Et que mille ruisseaux bercent de mille voix Le feuillage deç. branches neuves. N'est-ce encore paradis que de bplles forêts? N'est-ce là que le cœur épanche ses secrets Et que médite un Roi loin du bruit de la ville, Un Roi qui sut ployer la discorde civile Et rêve de régner sur des peuples heureux, Qui respirent en paix et qui s'aiment entre [eux ? Une étoile nouvelle enivre l'astronome, Et tandis que le Roi daigne entendre ces vers Que nous faisons fleurir au milieu des hivers, Le printemps du bonheur enchante son L Royaume. Tristan Derème...