Extrait du journal

Et, en effet, la facilité des communications n'est pas une vaine formule de sociologues. Elle est un fait parfaitemônt réel. Etant donné que,pério diquement et même continuellement, l'univers vient vers nous et que périodiquement, et même continuellement, l'acteur de Paris va vers le monde, le vaste monde, il était extrê mement difficile que les œuvres à succès des. dix dernières années ne fussent pas extrêmement connues des parties à peu près habitées de l'im mense univers, qui, maintenant, est beaucoup plus petit qu'on ne saurait croire. Il en est résulté que l'univers a été un peu récalcitrant à contem pler les spectacles qu'on avait portés chez lui de puis bien longtemps ou que, depuis bien long temps, il était venu voir lui-même. 11 est resté un peu froid. Il a langui. Il s'est dérobé à l'invita tion à la valse. On ne saurait pas, en conscience, lui en trop vouloir. D'autant plus que la pièce ancienne refroidit -lion seulement celui qui l'a vue, mais même ce lui qui n'en a aucune connaissance. Il ne la con naît pas ; mais il a une idée vague et un senti ment sourd qu'z'Z doit la connaître. Cela n'arrête point dans son essor un homme à l'état normal. Non ! Mais l'étranger à l'Exposition n'est point un être à l'état normal. Il est un être pressé, un être rapide en ses mouvements et précipité en ses idées. Il ne réfléchit qu'à moitié. 11 ne se dit pas : « Je dois la connaître ; mais est-ce que je la con nais? Non, décidément, je ne la connais pas. Allons la voir. » Oh ! cet effort de long raisonne ment et de délibération très réfléchie n'est pas à l'usage de l'Expositionneux, vir expositionans. L'Expositionneux est plus expéditif. Sa première impression, sa première intuition est sa règle. Il •est venu voir des choses qu'il n'a pas vues. Il ne va pas voir celles que, même sans les avoir vues, il pourrait avoir vues, s'il s'était avisé de les voir. L'inédit absolu est son affaire, et il le lui faut coûte que coûte....