Extrait du journal

Dans ce cas, lui qui a inauguré tant de choses, ces derniers temps, il inaugure l'ère des crises, qui aboutira à une disso lution. Son ministère républicain est forcé, s'il veut reprendre le procès de la haute cour, de demander à la Chambre une autorisa tion de poursuites nouvelles contre le gé néral, et la Chambre, très probablement, la refuse. Si M. Carnot s'est soumis, ce qui est plus vraisemblable, le ministère conser vateur, qui s'est privé des services de M. de Beaurepaire, peut, à son choix, laisser tomber le jugement delà haute cour, ou déférer le général aux juges de la cour d'appel, ou à ceux du conseil de guerre, qu'il préfère et qu'il réclame. Il y a dans tout cela de quoi mettre à l'envers les cervelles des légistes les plus solides, et je n'approfondis pas trop, afin de ménager la mienne. Voilà, d'une façon sommaire et in forme, l'examen des deux attitudes qui s'offrent au général : Revenir à Paris, ou rester à Londres. La première relève de la politique de légende. La seconde, de la politique de raison. Avec la première, le général risque beaucoup pour gagner beaucoup. Avec la seconde, il ne risque rien pour gagner exactement ce qu'il risque. Car, au lieu de rentrer comme .un hom me qui repêche son pays dans la crotte, il rentre repêché lui-même par ses collègues entre les mains de qui son sort est remis. Avec la première, les conservateurs lui doivent quelque chose. Avec la il doit tout aux conservateurs, aussi bien à ceux qu'il appelle des révisionnistes qu'à ceux que, par un euphémisme adora-ble, il nomme des républicains ralliés. C'est à lui de choisir entre ces deux at titudes. Elles ont toutes les deux leurs épines. Je sais bien celle que je choisirais à sa...