Extrait du journal

La pièce tirée du roman de M. Gustave Geffroy, L'Apprentie, que représenter ce soir le théâtre de l'Odéon, porte en sous-titre ̃•;̃« Drame historique »!On y verra sur la scène, fidèlement et impartialement réproduits, quelques épisodes ou plutôt quelques tableaux de la Commune de Paris. Il y a seulement une dizaine d'années, une pareille tentative eût paru bien osée. Aujourd'hui, grâce à la merveilleuse mise en scène de M. Aotoine, le spectateur croira simplement feuilleter une collection des journaux illustrés de l'époque. Tous ceux qui ont étudié les semaines tragiques de mars à mai l871 peuvent ressentir cette impression. Les incendies se sont éteints. Sur les cendres brûlantes est retombée la poussière du temps. Bien entendu nous maudissons encore la folie des malheureux qui allumèrent la guerre civile en pleine invasion étrangère. Mais elle reprend pour nous sa place dans l'erreur générale révolutionnaire. Nous pouvons décomposer ces phases et démêler en elle la part de ta fatalité. Il y eut en effet dans le mouvement insurrectionnel qui éclata le 18 'mars deux éléments, deux courants très divers une sorte d'aberration issue du patriotisme exaspéré, de l'ardeur guerrière inemployée, une rage d'auto-destruction. Mais aussi un commencement d'internationalisme, de communisme, le balbutiement du monstre utopique qui a grandi depuis dans les sociétés d'Europe et d'Amérique, voire d'Australie. Cette crise obsidionale, qui ensanglanta nos faubourgs voici trente-sept ans, portait en elle les germes du socialisme....